À l'occasion d'une conférence organisée par le Plan bâtiment durable et l'Observatoire de l'immobilier durable, Jean Jouzel, climatologue reconnu, a exposé le rôle capital des villes dans la tenue des objectifs fixés par l'accord de Paris sur le climat.

Jean Jouzel, climatologue et ancien président du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) est formel : la bonne réussite de l'accord de Paris sur le climat, « le meilleur possible au vu du contexte », se jouera au sein des villes. Et c'est à l'occasion d'une conférence organisée par le Plan bâtiment durable et l'Observatoire de l'immobilier durable pour dresser un bilan de la COP21 pour le secteur immobilier, que le climatologue émérite a exposé son raisonnement : les villes concentrent aujourd'hui trois milliards d'habitants, soit la moitié de la population mondiale. En 2050, ce chiffre devrait grimper à six ou sept milliards, à savoir les deux tiers de cette même population. Partant du postulat du Giec que le « capital émission de CO2 » restant à l'humanité pour tenir l'objectif de deux degrés est d'environ 800 millions de tonnes, et alors que la seule construction résultant de l'accroissement urbain en produirait 460 millions, on saisit vite l'ampleur du rôle de nos villes. L'urgence est d'autant plus criante que ces mêmes cités seront les premières à subir le réchauffement climatique. En attestent leur sensibilité particulière aux canicules et le cas des villes côtières.

 

Face au changement climatique, une ville durable et résiliente

La réponse toute trouvée à ce défi est bien évidemment la ville durable, encore faudrait-il savoir quelles sont les caractéristiques requises pour répondre à une telle appellation. À ce titre, le critère de résilience urbaine, à savoir la capacité d'un système urbain à absorber une perturbation et à retrouver ses fonctions à l'issue de celle-ci, face au changement climatique paraît essentiel, tant du point de vue du progrès technique que de la gestion organisationnelle. Un processus d'ores et déjà entamé, mais qui « réclame du temps » signale Nicolas Imbert, directeur exécutif de Green Cross France & Territoires. Selon lui, « les villes doivent s'approprier cette transition écologique ».

 

Green bonds et soft law

Ces changements réclament bien évidemment des financements, sur lesquels le secteur immobilier affiche visiblement une belle avance, le simple green washing ayant laissé place à de vraies stratégies, notamment à travers les fameux green bonds : Unibail Rodamco a par exemple a émis l’an dernier 750 millions d’euros d’obligations vertes pour financer la construction de bâtiments à énergie positive. Si ces engagements sont nombreux, Lise Moret, head of ESG Quantitative Solutions chez Axa Investment Managers, a tenu à rappeler qu'il y avait « encore de l'apprentissage » à mettre en place du côté des investisseurs.

Face à cette mobilisation, il peut paraître pertinent d'aller dans le sens du « droit souple », principe cher à Philippe Pelletier, président du Plan bâtiment durable qui a ainsi appelé les pouvoirs publics à « laisser une large place aux motivations de la société pour laisser faire les changements d'eux-mêmes ». Puisse-t-il être entendu, le climat et nos villes n'attendront pas.

 

Boris Beltran

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