Contre toute attente, l’agence américaine a relevé la perspective de la note de la France. Comment expliquer une telle décision ?

Standard & Poor's avait dégradé pour la dernière fois la note de la France en novembre 2013, la faisant passer de AA+ à AA, la troisième note de son barème. Elle avait ensuite révisé sa perspective de « stable » à « négative » en octobre 2014. L’annonce de perspective positive faite par l’agence américaine ce vendredi 21 octobre a donc de quoi surprendre. Aucun indicateur économique n’est passé au vert. Seul point positif, la légère réduction du déficit public qui a été ramené à 3,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2015, soit 0,3 point de mieux que prévu. Et si le gouvernement a confirmé son objectif d'un déficit à 3,3 % cette année, on est encore loin des 3 % que la France s’est engagée à respecter dans le cadre des accords avec l’Union européenne. Quant au poids de la dette, il reste plafonné autour de 96 %.

 

Le taux moyen des émissions n’atteint que 0,35 %

 

Une chose est sûre, c’est une excellente nouvelle pour la France qui pourra continuer à emprunter à des niveaux extrêmement bas. Le taux moyen des émissions à moyen et long termes réalisées depuis les débuts de l'année n’atteint que 0,35 %. C’est deux fois moins qu’en 2015.  Une baisse qui permet à l’État d’alléger la charge de sa dette. En 2016, les gains liés à la baisse des taux se chiffrent en milliards d’euros. Autrement dit, l’amélioration du déficit public est en partie artificielle. Comment alors expliquer la décision de l’agence de notation?

 

Dans son communiqué, Standard & Poor's avance « la mise en œuvre progressive de réformes visant à soutenir la croissance. Celles portant sur la fiscalité et le code du travail devraient avoir des effets stabilisateurs sur l'emploi, la croissance, la compétitivité et les finances publiques. » Elle souligne aussi que « la reprise économique est en bonne voie, tout particulièrement si le rebond dans les investissements des entreprises est confirmé ». Voilà de quoi satisfaire le gouvernement. Manuel Valls s’est empressé de commenter l’annonce sur son compte Facebook : « Nos réformes pour redresser notre économie, notre attractivité, sans RIEN sacrifier de notre modèle social, paient. Continuons ! » L’analyse de Standard & Poor’s n’en demeure pas moins étonnante alors que l’Insee vient de revoir à la baisse la croissance française pour 2016 et 2017 et que le taux de chômage bat de nouveaux records tous les mois.

 

Vincent Paes

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