Grâce à la digitalisation et à l’omniprésence de l’État, l’ex-empire du Milieu a réussi la première étape de sa transition économique tout en affichant un taux de croissance supérieur à 6 %. Mais le recours massif à l’endettement pourrait compromettre la suite.

Pour le gouvernement chinois, la transition de son économie est un véritable casse-tête. Jusqu’à présent, aucun pays n’a réussi à passer d’une économie basée sur l’industrie à une économie de service sans voir sa croissance baisser. Or, avec près de 1,4 milliard d’habitants, le pays a besoin de croissance pour maintenir la paix sociale. Les autorités visent un doublement du PIB en 2020 par rapport à 2010. Pour relever ce défi, le gouvernement a pu profiter de sa mainmise sur l’économie et n’hésite pas à investir dans de coûteux travaux d’infrastructures. Pour le moment, les chiffres lui donnent raison. Au cours du premier semestre 2017, la Chine a enregistré une croissance de 6,9 %, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Jeu égal avec les États-Unis

L’industrie fait peau neuve et se concentre sur des produits à plus forte valeur ajoutée. Le pays est déjà devenu le premier installateur de robots et de machines intelligentes au monde. Pour accélérer le mouvement, le gouvernement chinois a encouragé les entreprises nationales à réaliser des acquisitions d’entreprises technologiques. L’Europe est l’une des principales victimes de cette stratégie. En 2015, le fabricant italien de pneus Pirelli a ainsi été racheté par ChemChina. Plus récemment, Kuka, pépite allemande de la robotique, a été acquise par Midea.

En parallèle, l’économie chinoise s’est également digitalisée. Dans ce domaine, la progression est si forte qu’elle fait aujourd’hui jeu égal avec les États-Unis. Alibaba et son rival Tencent, deux fleurons de l'empire du Milieu, font désormais parti des stars internationales du Web. Le chiffre d’affaires du e-commerce chinois représente 701 milliards d’euros, soit près de la moitié du total mondial. Conscient d’être trop dépendant de la conjoncture internationale, le gouvernement chinois a également favorisé le développement de sa consommation intérieure. Pour cela, il a ouvert les vannes du crédit pour inciter la classe moyenne naissante à dépenser plus. Après trente ans de déclin, la consommation privée a enfin augmenté. Sa part dans le produit intérieur brut (PIB) est passée de 35,4 % en 2010 à 39 % en 2016.

Une étatisation de l’économie

Résultat, le gigantesque excédent commercial chinois s’est fortement réduit. Monté jusqu’à près de 10 % du PIB en 2006, il est désormais passé sous la barre des 3 %, un niveau inférieur à celui de l’Allemagne, son grand rival industriel. Seule ombre au tableau, l’endettement public et privé qui atteint près de 250 % du PIB. Pour transformer l’essai, le gouvernement chinois doit réduire progressivement la voilure tout en laissant le secteur privé prendre le relais.

Car le modèle économique chinois a ses limites : la majorité des grands groupes sont des entreprises étatiques qui peinent à gagner en compétitivité au moment de s’imposer à l’international et qui affichent des niveaux de rentabilité inférieurs à leur secteur de référence. Leur réforme sera à ce titre l’un des grands chantiers à venir. Malheureusement, en renforçant le pouvoir de Xi Jinping, le congrès du PCC ne laisse pas beaucoup d’espoir à ce sujet.

Vincent Paes

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