La RATP annonce la création de sa septième filiale depuis que la loi SRU l’y autorise. Elle sera entièrement dédiée à l’écosystème des start-up les plus innovantes. RATP Capital Innovation disposera d’une enveloppe de quinze millions d’euros. De quoi faire pâlir ses concurrents et sourire ses voyageurs aux attentes élevées.

Quel parisien n’a pas déjà râlé face à un RER A plein à craquer ou en attendant un métro ralenti pour « régulation du trafic » ou « colis suspect » ? Le réseau de transports est vieux et saturé. C’est un fait. Mais Elisabeth Borne, P-DG du groupe, clame haut et fort à qui veut l’entendre : « L’innovation est un marqueur fort de la culture RATP ». Une déclaration qui fait sourire face à une réalité plus nuancée. Toutes les occasions semblent bonnes pour prononcer le buzz word des dernières années : « Innovation ». Pourtant, il suffit de se pencher sur la stratégie et les déclarations régulières du groupe pour réduire la sévérité de son jugement. Si son réseau de transports est poussiéreux, la RATP fournit de nombreux efforts pour en balayer tous les recoins. De la question des véhicules autonomes à celle de la billettique, en passant par l’information voyageur et les services innovants.

 

Renforcer sa capacité à innover

Au point de créer un fonds doté d’une enveloppe de quinze millions d’euros pour investir dans des start-up innovantes. Filiale à 100 % contrôlée par le groupe, RATP Capital Innovation s’inscrit dans une tendance grandissante d’alliances entre grands groupes et start-up, entre public et privé. Plusieurs formes de liens existent entre ces structures. La RATP choisit la prise de participation directe et minoritaire au capital des jeunes pousses et l’investissement indirect dans des fonds ciblés. Elle collabore déjà avec plusieurs start-up, en Grande Bretagne par exemple, mais aussi en France avec Padam qui propose un service connecté de transport en minibus partagés. En créant cette nouvelle filiale, le groupe facilite ses futures relations avec l’écosystème des start-up qui disposera d’un interlocuteur unique pour présenter leur projet. L’équipe travaillera à temps plein sur le sujet, en collaboration avec des experts de différents domaines. Les jeunes pousses sélectionnées gagneront en liquidités et en visibilité. De plus, pour Valère Pelletier, directeur développement et digital du groupe, « certaines ne recherchent pas des investisseurs, mais des clients ». La RATP représente un terrain d’expérimentation idéal pour ces entreprises qui souhaitent tester leurs technologies et leurs services. Echy par exemple, fournit de l’éclairage naturel grâce à la fibre optique. Une solution que va prochainement tester la RATP sur les quais de la ligne 14 à la Gare de Lyon.

 

Exister sur la scène européenne

La création de ce fonds est donc une brique supplémentaire à la politique d’innovation du groupe qu’elle se plait à exposer et qu’elle souhaite participative pour répondre au mieux aux besoins de ses voyageurs. Les besoins du client avant tout. Du 2 au 30 novembre le groupe a lancé un appel à idées auprès de ses usagers. Une invitation qu’il a affichée sur les murs de chaque station de métro ou de RER. La RATP souhaite bien améliorer le service rendu aux voyageurs pour gommer les critiques et fluidifier son réseau. Mais elle doit également faire face à un environnement changeant, confronté à la transition énergétique et digitale et à la concurrence. S’il est public et en situation de quasi-monopole, le réseau de transports n’échappe pas à la nécessité de se renouveler pour briller et exister face aux autres acteurs du secteur des transports en Europe. Depuis la loi SRU de 2000, la RATP est autorisée à créer des filiales pour répondre aux appels d’offres étrangers. RATP Capital Innovation est un argument de plus.  

 

Marion Robert

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