Entretien avec Jean Eyraud, président, AF2i Créée en 2002, l’Association française des investisseurs institutionnels a pour objectif de fédérer ces derniers. Leurs profils d’engagements, très différents, vont des assureurs aux caisses de retraite en passant par les groupes de prévoyance, les exploitants nucléaires ou les fonds de dotation. Son président, Jean Eyraud, revient sur leurs stratégies sur les marchés boursiers.

Décideurs. Quelle est la place des actions dans l’allocation d’actifs des investisseurs institutionnels??

 

Jean Eyraud. Les actions représentent entre 10?% et 15?% des portefeuilles de nos membres. Avec 75?%, les instruments de taux (obligations, placements monétaires, prêts) arrivent loin devant. On remarque néanmoins des différences assez prononcées entre familles d’investisseurs. Les classes d’actifs réputées plus risquées, comme les actions, sont par exemple plus présentes chez les entités investissant leurs fonds propres et les caisses de retraite. Notre dernière enquête permet de dresser un profil des sociétés recherchées?: elles sont majoritairement européennes – 70?% des actions recensées sont françaises ou de la zone euro, et 67?% sont de grandes capitalisations. Du fait de leur moindre liquidité, les petites et moyennes valeurs cotées sont sous-représentées malgré leur attractivité sur le long terme. D’année en année, les politiques d’investissement changent peu. C’est pourquoi notre association milite sans relâche en faveur des actions cotées ainsi que du non coté au travers du capital-investissement.

 

Comment expliquez-vous cette répartition??

 

Les choix d’investissement resteront essentiellement dominés par la réglementation prudentielle qui favorise trop les obligations au détriment des autres classes d’actifs, celles dites risquées. De son côté, la nouvelle norme comptable IFRS 91 va imposer une gestion rigide en matière d’actions et d’OPC, de valorisation et d’affectation au compte de résultat. De plus, la hiérarchisation des rendements attendus joue toujours un rôle clé dans la répartition des actifs?: le caractère malsain de taux à long terme proches de zéro n’a pas favorisé la prise de risque, mais seulement des déplacements sur la courbe des taux ou du risque de crédit.

 

Quelle influence les investisseurs institutionnels peuvent-ils avoir sur la stratégie des entreprises??

 

Dans nos enquêtes annuelles, nous constatons que les investisseurs institutionnels gèrent de moins en moins en direct les actions qu’ils détiennent, la part investie par le biais d’OPCVM augmentant régulièrement. L’influence des investisseurs institutionnels est donc de plus en plus réduite, même si certains affirment mener un dialogue constructif. Les politiques de vote sont le plus souvent appliquées par leurs gérants. Il existe bien entendu quelques cas notables où ils sont détenteurs d’une fraction significative du capital de sociétés cotées ou non cotées (participation stratégique) et/ou ont un siège au conseil d’administration. Mais cela est de plus en plus rare.

 

Comment les investisseurs institutionnels peuvent-ils contribuer au développement de l’économie française??

Cela ne se limite pas aux marchés d’actions. Contrairement à ce que l’on écrit ou entend souvent, nous participons déjà massivement au développement et au financement de l’économie française au travers des OAT et obligations du secteur public, des obligations bancaires et corporate, des dettes privées (Euro PP, loans, etc.), des actions en direct ou via des OPC, sans oublier l’immobilier d’entreprise ou le capital-investissement.

 

Propos recueillis par Vincent Paes

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