En l’espace de cinq ans, la vision de l’immobilier a radicalement évolué. Au-delà de son aspect technique, il est désormais reconnu comme un vecteur de transformation et un levier de performance.

Coworking, corpoworking, tiers-lieux… Avec l’émergence de nouveaux espaces et modes de travail, tout un vocabulaire associé de pratiques éclot. Dans de nombreux think tanks, les ressources humaines phosphorent. Une réflexion renforcée par les changements profonds de l’économie et la vague de digitalisation qui touche l’ensemble des secteurs. Comment être plus productif dès aujourd’hui en se projetant dans le futur ? Les réponses pour y parvenir se renouvellent et passent par la recherche d’une collaboration plus efficace entre les salariés et une certaine qualité de vie au travail. De la localisation des entreprises à l’aménagement des espaces, l’immobilier est en conséquence intégré à la réflexion, et apparait aujourd’hui indissociable de la stratégie générale de l’entreprise. « Il était vu comme un sujet technique et une dépense. Aujourd’hui, il est considéré comme une ressource. C’est un grand changement car une ressource doit être optimisée », analyse Charles Ragons, ?directeur général du pôle dédié du groupe Colliers, conseil en immobilier d’entreprise. «  La ressource immobilière devient ainsi un levier qui touche des questions fondamentales d’attractivité et de valeur à l’entreprise. Il peut contribuer à en accélérer la transformation», poursuit-il. Colliers est par exemple intervenu pour Sanofi sur son Campus de Gentilly afin de traduire les besoins de proximité et d’interaction entre les métiers et les fonctions. La volonté de transformation managériale est allée de pair avec un passage en « bureaux libres », soit un environnement dynamique où les trois mille collaborateurs ne sont pas attachés à un bureau fixe. Dans les projets qui lui sont soumis, le rôle de conseil de Colliers s’affirme et les interlocuteurs changent. Le groupe met en avant combien l’immobilier n’a pas seulement un impact sur les coûts d’exploitation, mais comment bien maîtrisé et optimisé, celui-ci peut contribuer à la performance. « La valeur ajoutée caractérise notre appréhension globale de la problématique tertiaire de l’entreprise. Elle associe les éléments de la stratégie immobilière, la vision économique des projets et la dimension humaine liée aux environnements de travail », synthétise Gilles Betthaeuser, le président de Colliers qui s’est d’ailleurs doté depuis quelques années de compétences nouvelles comme une sociologue en organisation du travail et de consultants en digital.

 

Un changement de perception depuis 2011

 

Du côté des opérateurs immobiliers, comme Foncière des Régions, les constats sont concordants. « L’évolution de la perception de l’immobilier va de pair avec l’aspiration à plus d’innovation technologique et au développement des relations humaines parmi les collaborateurs », note Olivier Estève, directeur général délégué de Foncière des Régions.  « Les P-DG eux-mêmes sont plus impliqués dans la définition précise de l’outil de travail et des bâtiments de bureaux », complète-t-il.

À quand remonte cette bascule ? Comme Colliers, Foncière des Régions date les prémices de cette évolution vers 2011. « Néanmoins, si les entreprises du digital et les grands groupes sont dans cette mouvance, notamment pour retenir les talents, les sociétés de taille moyenne ou plus petites ne suivent pas », observe Olivier Estève. Colliers reste par ailleurs prudent quant à l’effet de mode des nouveaux modes de travail qui pourraient engendrer des réponses uniformes. « La caricature des ?à la Google? qui favorisent les espaces récréatifs ne peut fonctionner partout. Nous nous attachons à réfléchir sur les usages et à proposer une solution ?sur mesure? à l’entreprise plutôt que d’imposer des concepts comme les tiers-lieux ou le coworking », explique Charles Ragons. Peut-on alors émettre l’idée d’une french touch des aménagements de travail et de l’immobilier ? « Il est trop tôt pour l’affirmer. Mais le chantier à suivre est extrêmement passionnant car nous sommes persuadés que les immeubles de bureaux existeront toujours dans cent ans même s’ils prendront des formes très différentes », conclut-il. De quoi phosphorer en effet…

Laetitia Sellam

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