Entretien avec le nouveau président de l'ANDRH, également DRH pour le groupe Etam.
Bac en poche à 16 ans, Jean-Paul Charlez intègre Sciences-Po trois ans plus tard et clôturera ses études à l’ENA : la consécration. Le nouveau président de l’ANDRH est un bosseur, et il espère s’arrêter le plus tard possible. Pour l’heure, son ambition est de porter la parole des DRH dans le débat public et de faire le pont entre patronat, syndicats et politiques.

Décideurs. Comment définiriez-vous le rôle de l’ANDRH ?

Jean-Paul Charlez.
L’ANDRH est une association pour laquelle j’intervenais déjà depuis longtemps. Quand est venu le temps de renouveler la présidence, nous avons constitué une liste avec plusieurs DRH et présidents de groupes locaux qui a été largement plébiscitée. Cinq valeurs nous animent : l’indépendance, l’influence, la légitimité, la solidarité et la convivialité, le tout mis au service d’une ambition qui est de rester attentifs et utiles pour nos membres. J’ai personnellement l’obsession de ce que j’appelle l’adhérent médian (le 2 500e de nos 5 000 adhérents), souvent une femme de la fonction RH, dans une PME et qui est seule face à la complexité de notre métier. L’association permet des échanges de bonnes pratiques lors de moments conviviaux. 

Décideurs. Vous souhaitez être un interlocuteur privilégié entre les DRH et les institutions. Comment comptez-vous vous y prendre ?

J.-P. C.
Nous devons nous exprimer en amont sur les sujets RH car nous sommes sur le terrain. Et les politiques sont très preneurs d’échanges avec nous. Cela fait trente et un ans que j’exerce le métier de directeur des ressources humaines et il me passionne. Toutefois, il y a un véritable besoin de soutien dans notre profession. La solitude du DRH n’est pas qu’une simple expression : c’est une réalité. Nous nous trouvons au carrefour entre la direction générale, les syndicats et les salariés et notre quotidien est de convaincre. Il faut donc développer une intelligence RH qui nous permette de rendre compatibles le développement social et le développement économique. Peut-être est-ce pour cela que la fonction RH est un des rares métiers où l’âge est considéré comme un avantage ! 

Décideurs. Quelles belles avancées en matière RH avez-vous relevées ces dernières années ?

J.-P. C.
Au-delà des questions juridiques et des relations avec les syndicats, nous nous sommes orientés vers la gestion des talents, l’image employeur, la responsabilité sociale des entreprises, sa gouvernance, etc. Le tout à un moment où nous avons quitté la galaxie Gutenberg pour entrer dans la galaxie Steve Jobs. L’un des grands challenges des années à venir, et qui est déjà d’actualité dans certains groupes, est la coexistence des générations. Celles-ci ne changent plus tous les vingt ans mais tous les dix ans. Ainsi dans l’entreprise, ce sont cinq générations qui cohabitent. 

Décideurs. Vous êtes également DRH du groupe Etam. De quelles réalisations êtes-vous fier ? 

J.-P. C.
Nous sommes une entreprise de mode dont un tiers du chiffre d’affaires est réalisé en Chine. Elle compte 22 000 collaborateurs âgés de trente ans en moyenne, soit une population nécessairement exigeante et en attente. Nous avons mis en place de nombreux projets. J'évoquerai l’un d’eux : le programme de formation réalisé avec HEC qui a permis à quinze cadres européens et quinze de leurs homologues chinois de suivre des sessions en management, gestion du changement et finance sur différents campus.

Les casquettes de Jean-Paul Charlez
• Directeur général des ressources humaines du groupe Etam depuis 2006
• Président de l’ANDRH depuis le 1er janvier 2015
• Président de la commission sociale de la Fédération des enseignes de l’habillement

Propos recueillis par Julie Atlan

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail