Le président de l'Association française du family office (AFFO) livre sa vision du métier et revient sur le mode de rémunération sujet à de nombreux questionnements.
Décideurs. Quelle est votre définition du family office ?
Jean-Marie Paluel-Marmont.
Un family office est une organisation qui produit des conseils, souvent patrimoniaux, et met en œuvre la stratégie établie dans une optique de long terme, pour le bien et l’harmonie des familles. Pour autant, ce métier est aujourd’hui très varié et protéiforme, à tel point qu’il n’existe pas, à ce jour, de définition juridique de la notion de family office.
En pratique, la majorité des family offices conseillent des familles entrepreneuriales pouvant être confrontées à deux types de problématiques. D’une part, celles liée à un besoin de diversification de leur patrimoine, ce dernier étant dans la majorité des cas quasi exclusivement composé de leur société d’exploitation. Cette diversification est d’autant plus importante que ces familles ont également un rôle d’actionnaire à jouer et doivent donc disposer des réserves suffisantes pour supporter le développement de l’entreprise. Cette obligation actionnariale implique, en conséquence, un choix judicieux des actifs et des gérants ainsi qu’une consolidation des comptes, un contrôle des risques et un reporting précis. D’autre part, il y a les familles qui sont confrontées à des questions de gouvernance et de transmission aux générations futures. Ici, le family office intervient en tant que conseil en matière de gouvernance, de formation des jeunes générations et de médiation en cas de difficulté.

Décideurs. Serait-il souhaitable que le législateur apporte une définition légale au family office ?
J.-M. P.-M.
Je ne le pense pas. Le family office est un métier multiforme puisqu’il existe des « multi family offices », certains indépendants et d’autres bancaires, et des « singles family offices » qui n’agissent que pour une famille. Les multi-indépendants sont à minima CIF (conseiller en investissement financier) ou CGPI (conseiller en gestion de patrimoine indépendant). Les single family offices échappent, quant à eux à toute réglementation puisqu’ils sont salariés directs des familles. Récemment, le Luxembourg a donné un statut juridique au family office mais a dans le même temps ouvert ce statut aux cabinets d’avocats. Cette absence de définition légale implique cependant un risque : un certain nombre de structures s’arrogent le titre de family office sans être dans la logique d’offres multiservices à long terme ou de transparence qu’exigent le métier. Pour notre part, nous préférons remplacer un statut juridique par une charte que signent tous les adhérents de l’AFFO, leur demandant de respecter un certain nombre de bonnes pratiques quant à la rémunération et à la transparence.

Décideurs. Honoraires vs rétrocessions de commissions, quelle rémunération doit adopter un family office ?
J.-M. P.-M.
Dans la charte de l’AFFO, la transparence de la rémunération est un sujet extrêmement important. Être payé en honoraires est évidement mieux perçu par notre association. Percevoir une partie de sa rémunération sous la forme de rétrocessions est toutefois acceptable à deux conditions : que ce ne soit pas la majorité des revenus et qu'elles soient notifiées au client final. En définitif, ce qui est important, c’est de rendre les prestations et leurs rémunérations transparentes. C’est l’engagement que nous exigeons de nos adhérents.

Décideurs. N’existe-t-il pas de conflit d’intérêts pour les family offices bancaires ?
J.-M. P.-M.
Bien sûr qu’il existe un risque de conflit d’intérêts, nous y sommes sensibles, et l’AFFO a émis des recommandations sur l’organisation et les processus opérationnels afin de préserver l’indépendance des structures. Le meilleur choix étant une structure juridique séparée.

Propos receuillis par Hugo Weber (@hugo_weber)

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