Jeudi 14 avril, à l’occasion d’une journée dédiée au monde de la finance, Jean-François Copé, candidat à la primaire des Républicains, a pu évoquer son ambition pour la France.

« Il faut restaurer le processus de décision. » À sept mois de la primaire, l’ancien patron de l’UMP donne le ton. Venu débattre lors d’une journée de conférence [1] organisée par le groupe Leaders League, le député-maire de Meaux veut incarner l’homme politique fort, capable de diriger. Citant presque naturellement Margaret Thatcher (« La première année, j’ai tout décidé, les autres, j’ai appliqué »), celui qui avouait « avoir subi un chaos émotionnel très fort » [2], après son éviction de la direction de l’UMP en 2014, semble avoir repris du poil de la bête. 

 

Décideurs. Comment vous distinguez-vous des autres candidats à la primaire LR ?

J-. F. C.  D’abord par mon profil. Je suis maire d’une commune de 50 000 habitants. C’est une petite France. Les problématiques y sont les mêmes qu’à l’échelle nationale : délinquance, chômage, quartiers défavorisés… J’ai mis en place certaines solutions qui ont porté leurs fruits. Je plaide aussi pour un rétablissement du commandement, je souhaite rétablir l’autorité, redonner de la liberté économique aux entreprises et lutter contre le communautarisme. Enfin, je préconise une nouvelle méthode visant à gouverner par voie d’ordonnance. Le rôle du Parlement doit évoluer : il faut moins de lois, et contrôler davantage celles qui ont été votées.

 

Décideurs. Les sondages vous situent à 3 % des intentions de vote. Comment vivez-vous ce début de campagne ?

J-. F. C.  J’ai parcouru plusieurs régions ces dernières semaines. J’ai le sentiment que les Français commencent à rentrer dans cette primaire et que l’intérêt pour l’événement émerge seulement. Rien n’est fait.

 

Décideurs. Et quant aux parrainages… 

J-. F. C.  Je n’ai pas de problème à ce niveau-là.

 

Décideurs. À propos de Nuit Debout, vous avez tenu des propos très durs. Pourquoi s’agit-il d’un mouvement « pathétique », dont les participants sont « déconnectés de la réalité », selon vous ?

J-. F. C. Parce que c’est le cas. Nuit Debout, comme tout mouvement contestataire, n’est pas constructif. Nous connaissons par cœur les vieilles rengaines de l’ultragauche. Ses militants sont des anticapitalistes structurels qui ne prennent aucune décision. Or nous avons besoin de ceux qui n’ont pas peur d’agir.

 

Décideurs. Certains pensent qu’il pourrait donner naissance à un nouveau parti politique à l’image de Podemos en Espagne…

J-. F. C. La dynamique n’a rien à voir avec celle des Indignés, qui étaient un mouvement de masse, là où Nuit Debout ne réunit qu’une centaine de personnes. L’Espagne a connu des difficultés bien différentes de celles que l’on connaît en France. Je pourrais me montrer favorable au mouvement pour faire plaisir à certains et être « à la mode », mais ce serait, à mon sens, oublier toute une minorité silencieuse qui a besoin de solutions concrètes.

 

Décideurs. À qui faites-vous référence lorsque vous dites que la droite cherche à  « séduire les gens qui ne voteront jamais pour elle » ?

J-. F. C.  Je pense simplement que les responsables de droite sont aujourd’hui en quête d’attirer ceux qui votent à gauche. Rien de plus. 

 

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          Gouverner par voie d’ordonnances, quèsaco ?

 

Pour exécuter son programme, le gouvernement peut « demander au Parlement l’autorisation de prendre par ordonnances, pendant un délai limité, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi » (article 38 de la Constitution). L’autorisation est donnée par le législateur sous forme du vote d’une loi d’habilitation. Sur décision du Conseil constitutionnel[3], le gouvernement doit préciser « la finalité des mesures qu’il propose de prendre et leurs domaines d’intervention ». Une fois signée par le Président, l’ordonnance est publiée et entre immédiatement en vigueur. Elle doit néanmoins être ratifiée par le Parlement (dans un délai prévu par la loi d’habilitation), sous peine de caducité. Le recours aux ordonnances est de plus en plus courant, notamment pour la transposition des directives européennes.

 

Les avantages : le recours aux ordonnances permet de contourner l’encombrement de l’ordre du jour des Assemblées. La prise de décision est plus rapide, notamment en ce qui concerne les textes techniques qui échappent généralement aux connaissances des parlementaires. 

 

Les inconvénients : en autorisant le gouvernement à agir par voie d’ordonnance, le Parlement se décharge de sa compétence. Quant à l’exécutif, la méthode lui permet d’éviter le débat parlementaire.

 

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Propos recueillis par Capucine Coquand

@CapucineCoquand

 

 

 

[1] G20 Strategy and management summit, édition Finance.

[2] Le sursaut français, Éd. Stock, 350 pages, 20 euros.

[3] Décision n° 86-207 DC du 26 juin 1986.

 

 

 

Crédit photo : Pierre-Emmanuel Testard

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