Fraîchement élu président de Croissance Plus, Jean-Baptiste Danet dessine avec son prédécesseur, Stanislas de Bentzmann, la feuille de route pour le mandat qui s'ouvre. Une série de propositions ciblées dont l'objectif est clair : créer un environnement économique, fiscal et social à même de soutenir les entreprises dans leur développement.

Stanislas de Bentzmann, Quel bilan faites-vous de vos trois années passées à la présidence du mouvement ?

 

Stanislas de Bentzmann. Ces trois années furent extrêmement denses, marquées par une actualité très mouvementée pour les entreprises. Elles ont connu des hauts et des bas, des moments d’espoir avec la première mouture de la loi Travail qui était, à mon sens, formidablement bien sentie pour changer des choses profondes bloquant l’économie française. Hélas, à l’arrivée, ce fut une catastrophe, à tel point que nous nous sommes associés à la CGT pour demander le retrait de la loi. Durant le quinquennat de François Hollande, la loi Macron offrait également de bonnes perspectives mais sa version définitive ne fut pas tout à fait à la hauteur des espérances. Ces différents combats menés avec le gouvernement ont été durs.

Parmi les éléments positifs, je retiendrai notamment la montée en puissance des start-up et une meilleure compréhension des Français par rapport à cette nouvelle économie. Ils se passent de très belles choses dans notre pays. Cette dynamique véhiculée par la jeune génération est porteuse d’espoirs.

Ma priorité est de travailler à la réconciliation entre l’entrepreneur, le collaborateur et les pouvoirs publics

 

Jean-Baptiste Danet, vous venez de prendre la tête de Croissance plus. Quels sont les principaux combats que vous souhaitez mener au cours des prochaines années ?

 

Jean-Baptiste Danet. Il faut sortir du dos à dos qui conduit au repli sur soi. Ma priorité est de travailler à la réconciliation entre l’entrepreneur, le collaborateur et les pouvoirs publics. Tant que l’on ne remettra pas l’entreprise au cœur de la société, cela ne pourra pas fonctionner. Il convient d’accepter l’idée qu’en France l’entreprise est le dernier pilier des valeurs sociétales, elle permet aux hommes de communiquer et de s’épanouir.

 

S. de B. Je pense sincèrement que ce débat culturel est en train d’être gagné. Des chiffres publiés récemment mettent en exergue le fait que deux tiers des Français sont épanouis au travail. À écouter certains observateurs, on ne pourrait imaginer de tels résultats. Une des tares du système actuel est que notre législation repose sur une protection du salarié par l’État. Le postulat de départ étant que l’entreprise serait un environnement hostile. C’est une vision qui date du XIXe  siècle. Les entreprises ne doivent pas non plus échapper à leur travail de modernisation. Elles doivent écraser les hiérarchies, s’ouvrir vers l’extérieur. Aujourd’hui, notre législation ne correspond pas à cet environnement, elle répond à une vision passéiste de l’entreprise où le salarié aurait besoin d’être protégé de toutes les situations possibles par un chef d’entreprise qui chercherait à les exploiter.

 

Jean-Baptiste Danet. C’est pour cette raison que Croissance plus défend depuis vingt ans le partage des fruits de la croissance entre les entreprises et leurs salariés avec des dispositifs tels que les bons de souscription de parts de créateur d'entreprise (BSPCE) ou les actions gratuites.

Nous souhaitons créer des passerelles plus fortes pour que les PME puissent bénéficier de la trésorerie de grands groupes

 

Autre sujet phare pour Croissance plus : le financement de la croissance des entreprises. Quels sont vos propositions sur ce thème ?

 

J.-B. D. Il faut que les épargnants s’intéressent aux entreprises françaises. Plutôt que de les inciter à placer leur argent sur des fonds en euros, il faudrait leur donner envie d’investir dans l’économie réelle. C’est pourquoi nous demandons un déplafonnement des investissement réalisés au sein du plan d’épargne en actions (PEA) afin qu’un foyer puisse verser jusqu’à un million d’euros sur ce contrat. Nous souhaitons également créer des passerelles plus fortes pour que les PME puissent bénéficier de la trésorerie de grands groupes. Pour peser encore davantage dans le débat, nous avons également engagé des discussions très étroites avec d’autres associations tels que l’Afic, très présent aux côtés des fonds d’investissement.

 

S. de B. Nous proposons aussi que les sommes versées par les particuliers aux start-up en phase d’amorçage soient déductibles de l’impôt sur le revenu à hauteur de 30 % et cela jusqu’à un million d’euros. L’investisseur bénéficierait par ailleurs d’une flat tax à la sortie de 30 %. 

 

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurelien) et Caroline Castets

 

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