Jean-Baptiste Danet, président de CroissancePlus, dresse le bilan de l’année et revient sur les grandes réformes du gouvernement, détaillant les enjeux économiques et sociaux des chefs d’entreprise en France.

Décideurs. Vous êtes président de CroissancePlus depuis près de deux ans. Quel bilan faites-vous de votre mandat à ce jour ?

Jean-Baptiste Danet. Nous avons assisté à l’élection d’un président réformateur. Ce dernier a été élu grâce à un programme et des convictions peu entendues jusqu’alors. Parallèlement, le renouvellement du Parlement composé d’une majorité forte est survenu avec l’arrivée de plus de cent vingt députés n’ayant jamais été élus auparavant. Notre rôle au-delà d’animer notre réseau d’entrepreneurs, consiste notamment à émettre des propositions concrètes, issues du vécu des entrepreneurs de terrain pour la croissance et l’emploi. Nous avons ainsi publié en janvier « Le sens des réformes », complément de « l’Urgence de la Réforme » qui relate nos soixante-dix propositions pour la croissance et l’emploi que nous avions transmises aux candidats à la présidentielles. Sur nos soixante-dix propositions, environ trente-cinq ont été adoptées ou reprises en partie. La première année a donc consisté à faire connaitre nos propositions auprès des parlementaires. Toutes ces réformes sont la traduction d’une remise à niveau pour que l’entreprise se développe en France. En revanche, elles ne constituent pas le changement radical qui donnerait au pays de l’avance sur la liberté d’entreprendre et sur le rôle de l’entreprise dans la société. Nous attendons de la loi PACTE de nouvelles réformes qui répondront à ces problématiques. 

Comment retrouver cet équilibre entre entreprises et société civile ?

Nous avons mobilisé nos commissions. Y siègent des entrepreneurs aux prises avec les problématiques concrètes de l’emploi au quotidien, issus de l’ensemble du territoire. Ceci nous permet de porter un regard solide et éclairé sur la problématique de l’emploi en France. La commission sociale emploi est particulièrement active et a émis de nombreuses propositions sur la réforme actuelle qui nous semble cruciale à savoir celle de l’apprentissage, de la formation professionnelle et de l’assurance chômage. Le deuxième sujet auquel nous nous sommes attelés est la fiscalité, à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances de l’automne dernier, qui a initié la réforme de l’Impôt sur la fortune (ISF), la création de l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI) et la flat tax. Nous pensons que la suppression de l’ISF a exagérément focalisé les esprits au point d’empêcher d’aller au bout de la réforme fiscale. En effet, les 30 % de flat tax révèlent une simplification, une clarification et une stabilisation du système fiscal, susceptibles de favoriser le retour des investisseurs. Cette mesure bénéfique aura un impact direct sur le financement des entreprises. Toutefois, 30 % demeure au-dessus des autres pays européens, plus proches des 25 %. Même si, du point de vue des investisseurs étrangers, nous donnons l’image d’un pays qui se modernise et qui rassure, il faut au niveau national redonner le goût aux Français d’investir dans nos entreprises. Nous nous félicitons d’avoir un gouvernement et un exécutif réformateurs, de ressentir qu’il y a une volonté résolue de prise en compte de la réalité du monde de l’entreprise, et de favoriser le risque à la rente.

L’écosystème de financement a été pendant longtemps particulièrement favorable aux jeunes pousses, au détriment du financement de la croissance des entreprises déjà bien établies. Est-ce en train d’évoluer ?

La France a démontré ces trois dernières années qu’elle n’avait pas de problème de création d’entreprises. La dernière étude que nous avons réalisée auprès de 1 000 jeunes pour la journée les jeunes et l’entreprise a mis en relief que 75 à 80 % des jeunes souhaitent créer leur entreprise ou sont intéressés par l’entrepreneuriat. Il faut bien sûr encourager les start-up, mais aussi améliorer le paysage économique pour les aider à grandir. Par exemple, les grands groupes ont une trésorerie importante et nous devons les inciter à financer les PME et les start-up. Aujourd’hui, nous sommes freinés par la crainte d’une dépendance financière, inspirée par une administration fiscale et sociale qui reste encore très attachée à une culture d’obligations pesantes sur les entreprises. Nous n’avons pas un problème de start-up, nous avons un souci de seuils et donc de taille d’entreprise. 

Partager les fruits de la croissance

Qu’est ce qui fait qu’aujourd’hui CroissancePlus est reconnue des pouvoirs publics ? Et selon vous quels sont les facteurs qui font votre succès ?

CroissancePlus est le réseau français d’entrepreneurs de croissance regroupant 350 entrepreneurs qui représentent 120 000 emplois et 13 milliards d'euros de chiffres d’affaires cumulés.  Libre de toute attache partisane, et ne percevant et ne sollicitant aucune subvention publique, CroissancePlus a une parfaite indépendance de pensée et d’action. Nos 350 adhérents sont entièrement mobilisés pour la croissance et l’emploi.  Ils ont la volonté de partager les fruits de la Croissance au-delà de ce que prévoit la loi. Ils proposent des actions concrètes et pragmatiques issues de leur quotidien d’entrepreneur. Cette liberté de parole et le bon sens de leurs propositions constituent un apport sérieux et précieux au débat public. Nous sommes reconnus par les pouvoirs publics parce que nos idées sont pragmatiques, positives et vont dans le sens de la réconciliation.

Encourager le Crowdfunding, libérer le PEA et faciliter le crédit interentreprises

Quelle place occupent les fonds d’investissements dans le financement de la croissance des entreprises par rapport aux autres acteurs financiers ?

Le fonds d’investissement est un partenaire essentiel de la PME et de l’ETI. Mais l’entrée au capital d’une entreprise implique un processus lourd qui ne peut pas être assumé par toutes les entreprises. L’entrée en Bourse entraîne elle aussi son lot de contraintes et oblige le chef d’entreprise à passer un temps considérable à constituer son dossier. Ces deux leviers de financement répondent aux besoins des entreprises de taille conséquente, mais ne correspondent pas aux besoins d’investissement des TPE et PME qui représentent 30 % de nos membres. C’est bien pourquoi il faut encourager le crowdfunding, libérer le PEA, faciliter le crédit interentreprises et encourager les nouvelles offres.

Propos recueillis par Laura Guetta

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