Un an après le Brexit, on s'active de toute part du côté de la capitale française pour attirer les déçus de Londres.

Le 23 juin 2016 a sonné le glas d'un certain idéalisme en Europe : en se prononçant à 51,9 % en faveur du leave, les citoyens britanniques ont décidé que leur avenir s'écrirait en marge de la construction européenne. Un projet pour lequel la Grande-Bretagne, dans son ensemble, n'a jamais véritablement montré de réel enthousiasme… La question est : qu’avons-nous, Français, à y gagner ? Si l’on imagine mal Paris venir concurrencer l'imprenable citadelle londonienne sur la finance, d'autres marchés plus spécifiques, comme l'immobilier, semblent plus ouverts et préfigurent un derby Paris/Londres des plus disputés. Côté français, on sort l'artillerie lourde afin d'attirer les entreprises : alors Premier ministre, Manuel Valls annonce une mise à jour du régime des impatriés, « le plus favorable du monde », leur permettant de jouir d'un taux d'impôt sur le revenu à 28 % pendant huit ans, contre 40 % outre-Manche. À l'échelon local, les ennemis ont déclaré l'union sacrée : la mairie de Paris, la Région Île-de-France et la Métropole du Grand Paris se sont déplacés ensemble en terre anglaise afin d'y séduire les entreprises, lesquelles pourront jouir du tout nouveau guichet unique où chaque dirigeant bénéficiera d'un « chargé d'affaires dédié » pour accompagner son arrivée sur les rives de la Seine. Depuis un an, les représentants du Grand Paris multiplient ainsi les road shows accompagnés de chefs d'entreprise, allant même jusqu'à Séoul en juin 2017 afin de vanter l'attractivité de la région capitale. Le département des Hauts-de-Seine est même allé jusqu'à s'offrir plusieurs emplacements publicitaires de choix dans la capitale de la perfide Albion avec une affiche titrée « Tired of the fog ? Try the Frogs ! » mettant en scène une grenouille ornée d'un col blanc et d'une cravate tricolore, le quartier d'affaires de La Défense en arrière-plan. Nul doute que l'élection d'Emmanuel Macron, ex-banquier anglophone à l'image « business friendly » pourra également peser dans la balance. L'enjeu est de taille puisque ses initiateurs espèrent attirer au moins 10 000 emplois à un horizon 2019, avant même l'effectivité du Brexit. Quand les apôtres du remain pleurent un idéal perdu, les opportunistes y voient l'occasion de venger Waterloo.

 

Boris Beltran

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