Président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) depuis 2012, Gérard Rameix passera la main le 1er août prochain. Lors d’une matinée organisée par l’EIFR, il est revenu sur ses cinq ans de mandat et sur les défis que son successeur aura à relever.

À quelques semaines du terme de son mandat de président de l’Autorité des marchés financiers, c’est l’heure du bilan pour Gérard Rameix. Un bilan qu’il affirme positif, mettant en exergue l’élargissement du champ de compétences du régulateur mais aussi sa collaboration renforcée avec le Trésor, la Banque de France et l’ACPR. « Le système de sanctions est solide et a fait ses preuves, soutient le président. Il oblige à faire le choix entre une sanction judiciaire et une sanction administrative, ce qui a eu le mérite de rapprocher les équipes du Parquet national financier et celles de l’AMF. » Le principal défi du régulateur reste aujourd’hui la rapidité de traitement des dossiers, qui arrivent rarement devant le tribunal correctionnel dans des délais raisonnables. Pour pallier cet écueil, « la transaction peut être rapide et est tout aussi publique que la sanction », glisse Gérard Rameix.

Un défi de taille : le Brexit

Le président met aussi en avant l’importance grandissante de ses homologues européens dans la production réglementaire mais aussi la définition des attributions de l’AMF. « Nous avons aujourd’hui des relations renouvelées avec les acteurs de la place, qui nous demandent de plus en plus de faire entendre leur voix au niveau européen. » Et il est indéniable que les acteurs français en ont besoin. « Nous avons atteint un degré de complexité nettement excessif, assène Gérard Rameix. Les moyens ont été mis sur la création de normes, mais l’interprétation de ces normes et l’organisation des régulateurs dans chaque pays a été laissée de côté. » Or, les divergences existent entre les régulateurs et peuvent parfois peser sur la concurrence entre établissements financiers. Les défis sont pourtant nombreux dans les années à venir, le plus grand d’entre eux étant sans doute le Brexit. « Le Royaume-Uni représente grosso modo la moitié du marché financier européen, rappelle Gérard Rameix. À vingt-sept, nous devrons faire en sorte que l’Europe continue de se faire entendre au niveau mondial avec une force de travail diminuée d’au moins un tiers. »

Un accès au marché difficile pour les PME

Deux regrets figurent en tête de liste de l’ancien médiateur du crédit. Le premier est le peu de flexibilité laissée aux PME, qui ont un arsenal juridique bien moins important que les grands groupes et se retrouvent bien souvent noyées sous la masse de documentation à produire. « J’ai essayé de défendre un cadre plus souple pour les entreprises de taille moyenne souhaitant entrer sur le marché coté ou avoir accès à un financement obligataire, note Gérard Rameix. Il a été décidé au niveau européen de ne pas discriminer en fonction de la taille, pour des raisons juridiques essentiellement. Notre voix a été entendue, mais uniquement pour les entreprises cotées sur des marchés type Alternext. »

Des épargnants frileux

Le deuxième regret évoqué par le président est la mauvaise appréciation du risque des épargnants français, qui sont de façon assez contradictoire attirés par les placements alternatifs très risqués – hôtellerie, éoliennes, manuscrits… – mais réticents à investir en actions. « L’éclatement de la bulle internet au début des années 2000 et la crise des subprimes en 2009 ont renforcé une aversion très ancienne des Français pour le placement en actions, analyse Gérard Rameix. Pourtant, ce dernier a tout à fait sa place dans les portefeuilles des épargnants. Et contrairement à ce qui est souvent dit, il faut avoir une très grande fortune pour que la fiscalité soit un frein à cet investissement. » Un changement culturel qui devra être accompagné par son successeur, dont le nom sera connu dans les jours à venir.

Camille Prigent

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