La discrétion traditionnelle de l'associé-fondateur de Sagard, Frédéric Stolar, n'empêche pas sa firme de réaliser des transactions audacieuses.
Décideurs. Comment expliquez-vous la discrétion de Sagard sur le marché français du private equity ?
Frédéric Stolar. C’est culturel chez nous de par la nature des familles qui nous financent. Mais c’est aussi dû au fait que nous préférons parler de nos participations que de nous-mêmes. Ces douze derniers mois, Sagard a réalisé quatre opérations : deux acquisitions et autant de cessions. Nous avons d’abord vendu Corialis à Advent International pour plus de 600 millions d'euros. Si un des gros fonds de la place ne nous avait pas fait d’offre préemptive, nous serions probablement restés plus longtemps aux côtés du management ; mais nous sommes néanmoins fiers de cette transaction qui nous permet de presque tripler notre mise initiale de cent millions d'euros. Tout à fait satisfaisant pour une transaction dans les matériaux de construction payée 10 fois l'Ebitda en janvier 2007 !

Décideurs. Une belle performance, notamment dans un secteur industriel sinistré …
F. S. Cela n’a été possible que par une prise de risque contrôlée de nos équipes : en 2009, en pleine tempête de l’euro, Sagard prend le marché à contre-pied et accompagne le management pour investir 70 millions d'euros dans la construction de deux usines, une au Royaume-Uni et une en Pologne. Objectif : créer très rapidement dans chaque pays le marché de la fenêtre en aluminium. Risqué, le pari s’est révélé gagnant, car aujourd’hui ces deux pays ont contribué à plus de 35 millions d'euros d’Ebitda ! L’investissement à contre-cycle dans Corialis constitue l’un de nos magnifiques faits d’armes.

Décideurs. Outre Corialis, quelles opérations ont marqué votre actualité ?
F. S. Toujours à la vente, nous sommes parvenus à réinvestir dans la recomposition du capital d’une de nos sociétés de portefeuille, Ceva Santé animale. La bataille a été très dure pour participer à nouveau au dernier tour de table car presque tous les financiers de la place souhaitaient se positionner sur cette entreprise au parcours exemplaire qui réalise aujourd’hui environ 120 millions d'euros d’Ebitda. La qualité de l’équipe de management et de son projet nous a ainsi convaincus de replacer l’intégralité de notre mise et de notre plus-value réalisées lors du deal précédent, soit plus de cent millions d'euros.

Décideurs. Et à l’achat ?
F. S. Nous avons fait l’acquisition de Safic-Alcan, distributeur exclusif de produits chimiques de spécialité. Notre motivation : une équipe de management au track record remarquable que nous connaissons de longue date et un marché très fragmenté (avec plus de 1 500 acteurs en Europe) dans lequel nous souhaitons soutenir en capital le management pour lui permettre de consolider sa superbe plate-forme à travers des acquisitions ciblées. Enfin, nous sommes depuis peu au capital de Délices des 7 Vallées. Cette affaire familiale, leader français de la fabrication de mini-beignets fourrés, réalise environ 50 millions d'euros de CA et croît à plus de 15 % par an. Son projet, son management, sa technologie et sa position de marché sont formidables et nous avons eu la chance que l’industriel jusqu’ici en lice pour reprendre la société n’ait pas été en mesure de boucler le deal dans les délais. Ce que nous avons réussi en deux mois !

Propos recueillis par Firmin Sylla.

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