Nouvel entrant dans le venture capital, Future Positive Capital cultive une approche originale pour relever un défi de taille : débusquer les innovations à fort impact social avant tout le monde.

Faire rimer la finance avec les grands enjeux contemporains. Tel est l’objectif de Sofia Hmich à la tête de Future Positive Capital. Après une première levée bouclée à 51 millions d’euros, cette ancienne d’Index Ventures et Responsable stratégie internationale chez Deezer a lancé le fonds d’investissement dont elle rêvait. Basé à Londres et à Paris, Future Positive Capital injecte ainsi des capitaux dans des entreprises où les technologies de rupture sont synonymes d’amélioration de la condition humaine ou de la protection de la biodiversité. « En tant qu’asset manager, mon travail consiste à créer et à maximiser la valeur dégagée par les entreprises. Mais ma définition ne se résume pas à la spéculation financière, insiste la jeune femme. Elle est aussi innovante, sociale ou environnementale. Elle doit être en phase avec les besoins de nos économies et les aspirations de nos sociétés. »

De l’originalité avant toute chose

Sofia Hmich et son équipe réduite – quatre experts – visent des secteurs que le capital-risque européen délaisse trop souvent pour des valeurs plus sûres (la Fintech, la grande consommation, etc.). Un positionnement original qui cible des opportunités économiques assez inédites. « L’identification de nouvelles entreprises disruptives, c’est notre valeur ajoutée. Les sociétés les plus intéressantes ne sont pas forcément les plus visibles ou les plus communicantes », martèle celle qui cherche avant tout « un changement de paradigme décisif » en économie. Chez Index Ventures, la femme d’affaires avait pour mission d’identifier les pépites de demain, en « early stage », qu’un fonds peut aider à faire croître. C’est donc à dessein que Future Positive Capital choisit d’investir en seed et en série A avec des investissements de l’ordre de 300 000 euros à 5 millions d’euros. Des mises modestes, mais adaptées aux entreprises en devenir.

Cercle vertueux

Si ce fonds a pu voir le jour, c’est grâce à une conjoncture macroéconomique au beau fixe. « Nous arrivons à la fin d'un cycle où l'innovation a été tirée par les outils internet et mobile pour entrer dans une nouvelle phase où ce sont les innovations de rupture, l’intelligence artificielle, la robotique, la biologie synthétique, qui créeront le plus de valeur. L’asset management s’adapte à ces changements structurels profonds. » Autre facteur majeur : le rôle des États souverains. « Les gouvernements sont décisifs pour accélérer certains segments innovants, poursuit-elle. Nous avons investi dans Ynsect, une foodtech qui transforme des insectes en protéines pour l’aquaculture. Si la régulation européenne n’avait pas changé pour autoriser la commercialisation de la protéase, ce marché n’existerait pas. »

Être là où la finance ne s’aventure guère d’habitude pourrait bien résumer son approche, quitte à botter en touche avec les positionnements usuels préconisés par les investisseurs. « L’Afrique reste le continent oublié par le venture capitalisme européen, malgré une croissance démographique qui sera, dans un futur proche, un levier décisif de performance. Peu s’y aventurent, car elle n’offre pas de perspectives fortes d’exit. » Pour l’instant… Mais parions que Sofia Hmich saura les débusquer avant tout le monde, quand elles auront éclos.

Nicolas Bauche

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail

GUIDE ET CLASSEMENTS

> Guide 2024