Inconnu du grand public il y a encore trois ans, le leader d’En marche !, galvanisé par une cote de popularité grandissante, occupe désormais le devant de la scène médiatico-politique.

Il remplit les salles, fait lever les foules et agace toute une partie de la classe politique. Emmanuel Macron, le « météore », trace sa route. Et l’engouement pour celui qui caracole en tête des enquêtes d’opinion est désormais au cœur de toutes les interrogations. Serait-il l’homme de la situation ? Pour Jean Garrigues, spécialiste d’histoire politique, l’ex-ministre de l’Économie remplirait en tous cas les caractéristiques de la figure providentielle. « Celle-ci survient lors de crises graves, explique-t-il. Or nous connaissons justement aujourd’hui une période de crise économique et sociale profonde mais aussi un divorce entre la classe politique et la population. » Jeune, transgressif, charismatique, dépourvu de tout mandat électoral, sensibilisé aux nouvelles technologies et refusant le clivage gauche/droite, Emmanuel Macron incarnerait aujourd’hui mieux que personne le renouveau politique. « Sa différence c’est aussi la méthode qu’il propose, précise Jean Garrigues. Il n’a pas créé un parti politique, mais un mouvement, dont les propositions sont issues des citoyens. »

 

EM dirige EM

 

Une volonté démocratique pourtant pas franchement en adéquation avec l’organisation mise en place par Emmanuel Macron estimeVirginie Martin, politologue et présidente du Think Tank Different. « Il dit vouloir redonner le pouvoir aux Français, mais il est le seul à en avoir dans son propre camp, explique-t-elle. On se retrouve finalement avec une organisation ultraverticale et pas très moderne. » Preuve de la personnification à outrance du mouvement qu’il porte, l’énarque est allé jusqu’à lui attribuer ses propres initiales : EM, Emmanuel Macron, dirige EM, En Marche !.

 

Charisme

 

Mais qu’on le veuille ou non, l’homme séduit. En témoigne le nombre record de participants à ses meetings de début d’année. « Emmanuel Macron, par la grâce de sa personnalité, de sa gestuelle, donne l’impression d’être quelqu’un d’exceptionnel », estime Jean Garrigues. Un charisme qui expliquerait au moins en partie son succès. Car sa politique n’a quant à elle rien de révolutionnaire. La preuve : en 2002, le candidat du Modem François avait lui aussi tenté le positionnement « ni à droite ni à gauche ». « Avec Emmanuel Macron, comme il y a l’idée de nouveauté et de transgression, ça fonctionne », complète l’expert. Plus sceptiques, d’autres voient dans cette fulgurance le talent du communicant et la qualité de la mise en scène. « Il ne faut pas être dupe de la société du spectacle dans laquelle nous vivons, considère Virginie Martin. Emmanuel Macron est l’archétype de la communication politique. »

 

Conjoncture favorable

 

L’ancien banquier d’affaires bénéficie par ailleurs d’une conjoncture largement favorable. Car c’est bel et bien l’échec des présidences Sarkozy et Hollande qui lui permet aujourd’hui de rallier à sa cause tous les déçus de la politique. Pour Virginie Martin, « il cristallise les contestataires et ceux qui n’ont pas trouvé leur place. C’est un peu la voiture balais de la politique ». Alors simple effet de mode ou tendance durable ? Difficile à dire. Si avec Emmanuel Macron, un vent de fraîcheur souffle indéniablement sur la politique française, pour remporter la course à l’Élysée, le candidat d’En Marche ! devra tenir la distance et conserver jusqu’en avril l’image de celui qui peut changer les choses.

 

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail