Le nouveau directeur général de Christie's France reste optimiste quant à l’attractivité du marché de l’art français.
Décideurs. Comment se portent les maisons de vente françaises ?

Édouard Boccon-Gibod.
Le marché de l’art et les maisons de ventes aux enchères comme Christie’s se sont considérablement développées ces dernières années, en partie grâce à l’émergence d’une nouvelle clientèle, fruit de la mondialisation et de la croissance des pays émergents.


Décideurs. Comment expliquez-vous la suprématie des places anglo-saxonnes ?

É. B.-G.
Les plateformes traditionnelles du marché comme New York, Londres ou Genève continuent d’occuper une place très importante dans le monde du marché de l’art. Elles jouissent de certaines souplesses dont ne bénéficie pas la France, telles que le droit de suite payé par l’acheteur et non le vendeur.
La disparité des taux de TVA est également un facteur de blocage. Par exemple, moins élevée à Genève, elle pousse les clients à vendre leurs bijoux et montres en Suisse.
Autre facteur important, les ventes de gré à gré possibles en France depuis seulement 2011, et le « serpent de mer » ISF qui créé l’instabilité.


Décideurs. Dans quelles spécialités la France peut-elle encore tirer son épingle du jeu ?

É. B.-G.
Certaines catégories restent très importantes chez nous, comme l’art contemporain français avec le nouveau réalisme, l’art africain et océanien, les arts décoratifs ou bien encore la bande dessinée, nouveaux marchés en France depuis que les maisons comme la nôtre y organisent des ventes aux enchères. À titre d’exemple, la première vente dans cette dernière catégorie le 4 avril dernier a atteint 4 M€.


Décideurs. Le développement des foires internationales d’art est-il également bénéfique ?

É. B.-G.
L’internationalisation des grandes foires, mais également les galeries qui deviennent des multinationales, ainsi que les ventes en ligne – où Christie’s est innovateur et leader – jouent un rôle primordial et mettent ce marché à la portée du plus grand nombre.
Les grandes foires se multiplient en effet. Cela a pour conséquence de faire de Paris une place de choix. Cette saison, nous avons organisé une vente d’art moderne pendant la Fiac qui a totalisé un très bon résultat (14,5 M€). Chaque mois de mars, notre maison se concentre sur ses ventes de dessins anciens et modernes en même temps que le Salon du dessin. Nous essayons ainsi de toucher une clientèle qui se déplace spécialement pour ces évènements, et nous permet ainsi de renforcer l’attractivité de la place de Paris.


Propos recueillis par Julien Beauhaire


Pour aller plus loin : Les bonnes résolutions : repenser le marché de l’art

Cet entretien fait partie du dossier : Cinq bonnes résolutions pour la France


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