Aux États-Unis, c’est la première femme a avoir décroché deux étoiles Michelin. La Française Dominique Crenn construit à San Francisco son petit empire gastronomique. Après l’Atelier Crenn, inauguré en 2011, elle a ouvert le 11 août dernier Le Petit Crenn : un café où elle rend hommage à la cuisine bretonne, celle de son enfance.

Enfant déjà, Dominique Crenn fréquentait avec ses parents les restaurants étoilés. « Ce sont eux qui m’ont initiée à la cuisine », confie celle qui ambitionnait à 18 ans de devenir photographe. Mais sa passion pour la bonne chère a fini par la rattraper. C’est en 1989 qu’elle débarque à San Francisco avec « la rage de trouver sa voie ». Fidèle à son caractère bien trempé, elle fait ses armes sur le terrain auprès de Jeremiah Tower, Mark Franz ou encore Hubert Keller. Mais c’est Roland Passot, le parrain de la gastronomie française outre-Atlantique, qui la remarque et lui donne un coup de pouce. « C’est grâce à lui que j’ai décroché ce poste à l’Intercontinental Hotel de Jakarta, se souvient-elle avec fierté : j’étais la première femme chef en Indonésie ! » Adoubée par ses pairs, l’hyperactive Dominique Crenn construit son identité culinaire en dehors des sentiers battus. Très engagée, poétique pour ne pas dire artistique, sa cuisine conceptuelle lui vaut de décrocher une première étoile en 2009. Elle dirige alors la brigade du restaurant Luce. Ce premier coup de projecteur signe le début de son ascension. Sa victoire à l’émission populaire Iron Chef America achève d’étendre sa renommée. « Je suis une personnalité maintenant », plaisante celle qui a depuis ouvert son atelier non loin du quartier branché de la Marina. Au menu, un poème dont chaque vers met un plat en musique. Dans l’assiette, des tableaux culinaires gustativement renversants et qui visuellement éclatent comme une métaphore de la nature. Il faut dire que Dominique Crenn est une ardente défenseuse de l’environnement et des petits producteurs. À 50 ans, cette Française cuisine pour « provoquer une émotion et inspirer les gens ». Aux dires de ses pairs, la révolution Crenn est marche. « Pigs can fly ! », s’exclame-t-elle en dévoilant un cochon volant tatoué sur son bras. Et la chef d’expliquer : « Si les cochons peuvent voler, tous les rêves peuvent se réaliser. Il faut se rappeler d’y croire. » Aujourd’hui, nombreux sont ceux à croire en cette Française qui pourrait bien être prochainement la première femme chef triplement étoilée en Amérique.   


Emilie Vidaud


Lors des FABA, Dominique Crenn a remporté la Mention Spéciale – « Industrie culinaire » et la Mention Spéciale – « Personnalité de l’année »

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