Rénover la démocratie et améliorer son fonctionnement. Tel est l’objectif de ces férus du Web qui, depuis quelques années pour certains, quelques mois pour d’autres, s’emploient à mettre la technologie au service de la démocratie.

« La culture numérique bouleverse les rapports sociaux et emporte des mutations profondes au sein de nos sociétés, analyse Axelle Lemaire secrétaire d’État chargé du Numérique et de l’Innovation à l’occasion du Forum de la Civic Tech[1] le 8 octobre dernier. Notre société a besoin de nouvelles médiations et les Civic Tech font partie des nouveaux intermédiaires. » Preuve de l’engouement pour ces initiatives démocratiques : près cinq-cents personnes ont participé à l’événement. « C’est une très bonne surprise », se félicite Romain Stiline, président de l’association Démocratie ouverte.

 

Rapprocher l’administration des problématiques concrètes

 

Parmi les Civic Tech les plus connues, on retrouve notamment Fluicity, un réseau réunissant les citoyens et leurs élus, Neocity, une start-up qui accompagne les villes de France dans le lancement d’une application mobile au service de la vie locale, ou encore Parlement & Citoyens, une plate-forme permettant à tout un chacun de participer à la rédaction de propositions de loi. Pour son co-fondateur, Cyril Lage, « ce qui est en jeu, c’est la rénovation de la reconstruction de la loi.» Rapprocher l’administration des problématiques concrètes serait donc l’un des principaux défis des Civic Tech. Convaincu de leur utilité, Emmanuel Grégoire, adjoint à la maire de Paris en charge de la modernisation de l’administration voit en elles « des technologies au service du bien commun ». Pas question pour autant de parler d’uberisation de la politique. « Cela reviendrait à appauvrir la vie politique et à faire tomber les Civic Tech dans l’écueil du simplisme », explique l’élu persuadé que l’enjeu réside dans un changement complet de paradigme et non seulement dans l’apparition de nouveaux outils.

 

« Il n’y aura pas de Grand Soir »

 

Pour Axelle Lemaire, le renouveau démocratique passera inévitablement par la volonté des décideurs publics à mettre en œuvre de politiques « coconstruites ». Un objectif à long terme qui suppose un changement culturel. « Il n’y aura pas de Grand Soir pour la démocratique collaborative, prévient la secrétaire d’État. La complexité liée à la décision publique et la multitude des éléments à prendre en compte supposent de prendre du temps. Or l’immédiateté liée au numérique conduit souvent à des impatiences ». Si au niveau national, les initiatives peines encore à percer, celles-ci commencent à porter leurs fruits au niveau local. « Nous sommes dans une logique de coopération et ça fonctionne », confirme Pascale Luciani-Boyer, adjointe au Maire de Saint-Maur-des-Fossés en charge des nouvelles technologies. 10 % des communes seraient ainsi d’ores et déjà engagées dans des processus de démocratie participative numérique. On n’a donc pas fini d’entendre parler des Civic Tech. « Nous n’en sommes qu’au début », promet Axelle Lemaire. Prochaine étape : le sommet mondial du partenariat pour un gouvernement ouvert qui devrait réunir pas moins de 3 000 représentants de quatre-vingt pays différents à Paris du 7 au 9 décembre prochain. Un événement à ne pas manquer.

 

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

 

[1] Des geek peuvent-ils sauver la démocratie ? Forum de la Civic Tech, organisé par l’association Démocratie ouverte et le Secrétariat d’État au Numérique et à l’Innovation.

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