Le récent passe-droit accordé par l’Europe pourrait permettre à la France de respecter enfin ses engagements, croissance aidant.
Mercredi dernier, la Commission européenne accordait à la France un délai supplémentaire de deux ans pour ramener son déficit sous 3 % du produit intérieur brut (PIB). Une nouvelle que beaucoup ont interprétée comme un signe de faiblesse de la part de l’institution. Si le gouvernement a remporté une bataille, il n'a pas encore gagné la guerre. En n’accordant pas le délai de trois ans que l’Hexagone souhaitait, la Commission européenne l’empêche de contourner l’échéance électorale de 2017. Pire encore, elle maintient des objectifs que la France n’est pas sûre de pouvoir respecter : un déficit public de 4 % du PIB en 2015 alors que le gouvernement, dans son budget prévisionnel, prévoit 4,1 %.

Pour respecter cet engagement, la France devra donc trouver quatre milliards d’euros en trois mois. Un exercice d’autant plus difficile que François Hollande a promis en 2014 de ne pas mettre en place de nouvelles hausses d’impôts. Seule solution, instaurer des gels de crédits supplémentaires. Le gouvernement pourrait être néanmoins sauvé par un allié qui lui a fait défaut jusque-là : la croissance. Voici trois raisons d'espérer pour le gouvernement :

1- La baisse du chômage en janvier

Alors que tous les analystes s’attendaient à une nouvelle hausse du chômage, Pôle emploi a annoncé que le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A avait diminué de 19 100 au mois de décembre, soit une baisse de 0,5 %. Cette première, depuis de nombreux mois, laisse présager un inversement de la courbe.

2- Les défaillances d’entreprises en recul

Après une diminution en 2014, le nombre de défaillances d'entreprises a continué de reculer au mois de janvier. Selon l’assureur de crédit Coface, la baisse atteint 3,2 % sur un an. « En ce début d’année 2015, le climat général est plutôt positif. Malgré cela, le niveau de défaillances est toujours élevé comparé à la moyenne 2007-2010 », nuance Guillaume Baqué, économiste chez Coface.

3- La consommation des ménages boostée

Grâce à la chute du prix du pétrole, les économistes tablent sur une progression de la consommation de 1 % au moins cette année. « L'effet pétrole représentera 0,3 % du PIB dès 2015, soit 200 euros de plus par ménage. La consommation va nécessairement augmenter et tirer la croissance », explique Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques.

Or, pour réaliser son budget 2015, le gouvernement s’est basé sur une croissance du PIB de 1 % en 2015. Si elle s’avérait plus élevée au vu de l’amélioration de certains indicateurs économiques, François Hollande pourrait réussir à afficher un déficit public de 4 % du PIB pour cette année. La publication du programme de stabilité que les États européens doivent transmettre chaque année en avril à la Commission européenne donnera l’ampleur de la tâche à accomplir.

V.P.

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