Paul Lombard est décédé ce dimanche 15 janvier, à l’âge de 89 ans.

L'ancien ténor du barreau de Marseille est décédé ce dimanche à l’hôpital des Invalides à Paris, des suites d’une infection pulmonaire. « C'est une légende du barreau qui s'éteint », déclare Olivier Baratelli, très ému du décès de son ami et associé.

 

Né le 17 février 1927 à Marseille, diplômé d'études supérieures (DES) de droit, il a exercé de 1952 à 1995 dans sa ville natale où il fut premier secrétaire de la Conférence. Il eut pour mentor l'avocat marseillais Emile Pollak (1914-1977). Avocat pénaliste de renom, il était à la tête de son cabinet, qu’il avait fondé à son inscription au barreau de Paris. En 2008, il décide de s’associer à son collaborateur Olivier Baratelli, qui a débuté chez lui en tant que stagiaire. C’est ainsi que le cabinet Lombard Baratelli et associé a développé son expertise à Paris, lui permettant de compter parmi les structures françaises les plus reconnues en droit pénal et contentieux des affaires. Il compte à ce jour une dizaine d’avocats dont quatre associés et six collaborateurs.

 

Grand opposant à la peine de mort

 

Paul Lombard a forgé sa réputation sur des dossiers médiatiques de l'histoire criminelle française tels que l'affaire de Bruay-en-Artois (1972) et celle du petit Grégory Villemin (1984).  En 1976, il défend Christian Ranucci, un des derniers guillotinés de France condamné pour le meurtre d'une petite fille, en y laissant la trace d'un grand opposant à la peine de mort. Lors du procès de Ranucci, Lombard avait plaidé : « N'écoutez pas l'opinion publique qui frappe à la porte de cette salle. Elle est une prostituée qui tire le juge par la manche, il faut la chasser de nos prétoires car, lorsqu'elle entre par une porte, la justice sort par l'autre ».

 

Également avocat de grandes causes, il a eu à traiter du combat des femmes pour l'avortement lors des drames du Heysel et de Furiani. Et de responsabilité médicale dans l’affaire d’Albertine Sarrasin. « J'aurais voulu défendre Verlaine, Baudelaire, Oscar Wilde. Dieu ne l'a pas voulu. J'ai eu ma revanche en défendant Albertine Sarrazin », écrivait Paul Lombard à propos de l'auteur de l'Astragale, morte à 30 ans lors d'une intervention chirurgicale.

 

De Marseille à Paris

 

En 1995, il quitte le barreau de Marseille pour celui de Paris, en quête d’affaires plus grandes et plus mouvementées. C’est aux côtés d’Olivier Baratelli qu’il défend une longue liste de personnalités : Vincent Bolloré, Jean-Luc Lagardère ou encore Liliane Bettencourt dans le cadre de dossiers du domaine du pénal financier, telle que l’affaire du financement du RPR.

 

Il s’est également intéressé au marché de l’art en réglant la succession d’artistes comme  Picasso, Bonnard, Balthus et Chagall. Ce qui va de pair avec l’action de mécénat culturel entreprise par son cabinet parisien.

 

En 2008, il est intervenu lors de son dernier grand procès d'assises, celui de Michel Fourniret et de sa femme Monique Olivier, en tant que conseil d’une des victimes du tueur en série. « Je vais vous parler non d'un assassin, non de la complice d'un assassin, mais d'un couple assassin, ce qui est rarissime dans l'histoire de la criminologie française », avait-il lancé dans le prétoire. Il dira plus tard avoir tout tenté pour extirper « une brindille d'humain » du cœur de Fourniret, sans y parvenir.

 

Promis au poste de Garde des Sceaux

 

Commandeur de la Légion d’Honneur et de l’Ordre national du Mérite, Paul Lombard était promis au poste de Garde des Sceaux. Cependant, il fait face à coup dur lorsqu’il est impliqué le 21 décembre 1988 dans un dossier de transaction frauduleuse, l'affaire Suzanne de Canson, suite à laquelle il bénéficie d’un non-lieu.

 

Amoureux de son métier, l'âge ne semblait pas avoir de prise sur sa passion pour le droit et il n'envisageait pas de prendre sa retraite avant le jour de son enterrement. Il déclare dans les années 1970 : « J'ai toujours désiré être avocat, j'ai beau réfléchir, à aucun moment je n'ai eu envie de faire un autre métier. » 

 

Paul Lombard s’est orienté vers une carrière de robe en dépit de sa fibre littéraire. Il est aussi auteur de plusieurs ouvrages dans lesquels il a tenté de raconter son métier mais aussi d'analyser l'état de la justice en France. Parmi ces livres figurent Mon intime conviction (1977), Plaidoyer pour Marseille (1979), Quand la justice se trompe (1981), Le crépuscule des juges (1988), Ma vérité sur le mensonge (1997) ou encore les Droits de la défense (2008). Il a également signé en 2003 Le procès de la justice, avec le magistrat Jean-François Burgelin, décédé en 2007.

 

Hier sur Twitter, le Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas a rendu hommage à un « avocat fou de justice, gladiateur aux combats lumineux, bretteur infatigable qui savait vaincre les préjugés ». Considéré par la communauté du droit comme un « monstre sacré du barreau », le Conseil national du Barreau lui a rendu hommage ce matin en saluant « la grande voix de la profession qu'il a toujours servie avec honneur et conviction en défendant les grandes causes. »

 

Nour Bensalah

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