Programmes olfactifs, réseaux sociaux intelligents, hyperpersonnalisation… Retour vers le futur de l’écosystème média qui bercera la génération alpha.
Lors des dernières élections départementales, Le Monde a fait appel aux services d’un robot pour écrire quelque 36 000 articles annonçant les résultats. Du présentateur au rédacteur, le journalisme de 2050 serait donc robotique. Pour Kristian Hammond, dirigeant de Narrative Science, start-up spécialisée dans les articles automatisés, «?d’ici vingt ans, 90?% des informations seront produites par des robots?».

Au pays des robots journalistes

Déjà en juin dernier, Kodomoroid et Otonaroid, deux robots d’apparence étonnamment humaine et féminine ont présenté un journal d’informations au Musée national des sciences nouvelles et de l’innovation de Tokyo. «?Je suis un peu nerveuse?», avait confessé Otonaroid en bafouillant. En France, l’Inria, organisme de recherches sur les technologies de l’information, a présenté lors de la dernière «?Flower Lab?», Poppy, 85?cm, 3,5?kg, 8 000?euros et des baskets rouges. Entièrement open-source, ce robot humanoïde est capable de lire plus de vingt minutes d’informations avec les voix de David Pujadas, Marie Drucker ou Laurent Delahousse, le regard en moins.

De futurs journalistes sans états d’âme et opérationnels 24/24 H. Une option qui séduit aussi la presse écrite, à l’image de l’expérience menée par le Guardian avec The Long Good Read. Le concept : un algorithme, Ophan, pioche les mots-clés les plus recherchés sur le site du journal pour faire une version papier qui colle au plus près des intérêts des lecteurs. Mais si le robot dédié à la curation des contenus est un succès, la question cruciale reste celle du lecteur. Selon l’étude réalisée en février 2014 par Christer Clerwall, chercheur à l’université suédoise de Karlstad, si le lecteur juge l’information délivrée par les robots «?plus justes?», leur écriture s’avère «?plus ennuyeuse?».

Les yeux et les odeurs

Dans trente ans, tous les écrans pourraient associer images et odeurs. C’est le pari d’Odoravision, qui développe des solutions de télévision olfactive. Telle une machine à café, l’enceinte fonctionne avec des capsules et libère des odeurs synchronisées avec les images projetées. Une technologie en cours d’expérimentation pour France 3. Et les terrains de jeu de la signature olfactive sont nombreux. Du cinéma au jeu vidéo, tous les vecteurs d’images et de mouvements pourraient se connecter au nez des spectateurs.

Média du moi

Dans l’ère de l’hyper-personnalisation, les émotions guideront la création des contenus. Si les algorithmes d’aujourd’hui proposent des films ou des actus en fonction des goûts déclarés par les utilisateurs, les social-médias intelligents s’adapteront à votre état de fatigue ou à de bonheur. Pour le site NewScientist, Eduardo Miranda, chercheur en cybernétique à l’Université de Plymouth, explique que «?l’intensité d’une émotion sera évaluée par des biocapteurs qui sélectionneront naturellement les articles ou la musique adaptée à votre humeur?». En 2009, le Pew Internet & American Life Project prévoyait même que le téléchargement d’informations et de sentiments se ferait directement dans le cerveau dès 2050. Designer du film Her, dans lequel Joaquin Phoenix tombe amoureux de son IOS, KK Barret propose un autre regard : «?Le futur est bien plus simple que vous pensez?».

A.C.

Le point de vue de Leendert de Voogd, cofondateur, Vigiglobe.

Cet article fait partie du dossier "Comment vivra-t-on en 2050". Poursuivre avec l'article "Bien chez soi, bien partout".

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