Carol Xueref, directrice des affaires juridiques et du développement livre sa vision du métier et revient sur ses nombreux engagements, notamment au sein du groupe Essilor, leader mondial des verres correcteurs avec un chiffre d’affaires de 55 milliards d’euros et 55 000 salariés.

Carol Xueref, directrice des affaires juridiques et du développement chez Essilor, livre sa vision du métier et revient sur ses nombreux engagements, notamment au sein du groupe, leader mondial des verres correcteurs, au chiffre d’affaires de 5?milliards d’euros et 55 000 salariés.

Décideurs. Vous arrivez à la direction juridique d’Essilor en 1996. Quel est l’enjeu à l’époque ?
Carol Xueref.
J’ai été recrutée pour créer la direction juridique. L’entreprise comptait une quinzaine de juristes aux spécialités diverses (propriété industrielle, corporate, contrats, assurance…) mais il n’existait pas de service organisé. Avec un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros, Essilor nourrissait de nombreux projets de développement à l’international qui passaient par des acquisitions, des partenariats ou des créations de filiales. Les questions juridiques que soulevait cette ambition rendaient obligatoire la structuration de notre équipe.

Décideurs. Aujourd’hui, quelle est l’ampleur de la direction juridique ?
C. X.
L’expansion du groupe m’a conduit à recruter des juristes de droit des affaires et à créer des services supports (bases de données et documentation). Au moment où mon successeur arrive chez Essilor, nous sommes désormais soixante personnes toutes pratiques confondues, dont 60?% hors de France. Pour beaucoup répartis au sein de groupes généralistes, les juristes traitent l’ensemble des problématiques du portefeuille de clients qui leur est confié. Je suis très attachée à cette vue d’ensemble qui permet d’apporter des réponses globales cohérentes. Bien sûr, nous avons aussi des départements spécialisés en droit des sociétés/droit boursier, droit des assurances et, depuis 2008, en compliance afin d’auditer, d’améliorer et de contrôler nos pratiques internes. Enfin, certaines spécialités juridiques sont intégrées à d’autres pôles dans un souci de logique et de coordination : les fiscalistes travaillent avec la direction financière, le droit social est traité par la RH et les spécialistes IP font partie d’un axe innovation, au même titre que la R&D ou le marketing.

Décideurs. Quelle est votre vision du métier de directeur juridique ?
C. X.
Un directeur juridique est impliqué tout au long du processus de décision et de l’action : il intervient en amont de la prise de décision, il la conçoit et la négocie, la met en œuvre et assure le service après-vente. Le juriste est devenu un véritable business partner flexible intellectuellement et juridiquement. L’importance portée à la compliance permet de prévenir au mieux les risques et le contentieux : je fais de la médecine préventive, pas de la chirurgie esthétique ! La meilleure façon de gérer les risques reste de les prévenir en amont. Lorsqu’ils sont inéluctables, nous travaillons avec des avocats locaux mais restons extrêmement impliqués dans la gestion du dossier au même titre que pour toute opération de croissance externe (vingt acquisitions par an).

Décideurs. Vous multipliez les engagements professionnels et associatifs. En quoi ces différentes missions complètent-elles l’exercice du métier ?
C. X.
Je recherche la plénitude de l’action ! Ma participation au collège de l’Autorité de la concurrence depuis 2006 me permet de rencontrer d’autres professionnels du monde juridique ou économique et de confronter nos avis pour rendre, après concertation, une décision équilibrée. Cette expérience me permet par ailleurs de mieux expliquer à mes collaborateurs les pièges à éviter, notamment en matière de droit de la concurrence et de compliance. Dans le cadre de mes fonctions d’administrateur chez Ipsen et Eiffage, je suis confrontée à la stratégie de sociétés de secteurs différents du mien, ce qui m’ouvre de nombreux horizons nouveaux. Enfin, je suis impliquée dans la réflexion sur la place des femmes dans la profession. Je suis secrétaire générale de l’Association française des femmes juristes, j’interviens au sein du groupe DJ au féminin du Cercle Montesquieu et du groupe ad hoc qui rassemble les femmes DJ des sociétés du CAC 40. Ce sont autant de lieux de débats et d’échanges sur différents thèmes tels que la dépendance, la parité ou la place des femmes dans l’entreprise. Toutes ces expériences conditionnent immanquablement la manière dont je travaille au quotidien.

 

Propos recueillis par Pascale D'Amore

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