Les mesures de soutien au secteur du bâtiment et des travaux publics, présentées le 10 juin par Bercy, ne convainquent pas les professionnels. Le gouvernement promet qu’il ira plus loin et pour cela présentera à la rentrée un plan de relance global, après concertations.

Avec 88 % de baisse d’activité début avril, le secteur du BTP connaît le même plongeon que l’hôtellerie et la restauration. Et ce, alors même qu’il n’a pas fait l’objet d’une fermeture administrative dès la mi-mars. Le secteur du bâtiment et des travaux publics, qui représente 11 % du PIB et 2 millions d’emplois, se montre inquiet pour les mois à venir face aux surcoûts engendrés par les règles de sécurité sanitaire et à l’effondrement de la commande publique comme privée. "La reprise des chantiers ne signifie pas la fin des problèmes pour les entreprises du BTP", martelaient ainsi la Fédération française du bâtiment (FFB) et la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) dans un communiqué paru le 9 juin dernier, soit la veille des annonces de soutien de Bercy concernant le secteur.

8,2 milliards de prêts garantis

Dans leur communication, les représentants du secteur se félicitaient des mesures d’urgence adoptées par le gouvernement. En effet, 360 000 entreprises ont touché 510 millions d’euros à travers un fonds de solidarité, 60 000 prêts garantis ont été accordés pour 8,2 milliards d’euros et 1,4 million de salariés ont bénéficié de l’activité partielle. Pour la nouvelle phase d’action à venir, les professionnels demandaient à Bercy d’aller plus loin. Ils ont émis un certain nombre de propositions : prise en charge des surcoûts liés au coronavirus, annulation des charges fiscales et sociales, mise en place d’un plan massif de rénovation énergétique des bâtiments ou retour à un taux réduit de TVA à 5,5 % pour l’ensemble des travaux.

Le secteur a bénéficié de 60 000 prêts garantis pour 8,2 milliards d’euros

L’État montre l’exemple

Le 10 juin, Bercy répondait favorablement à une partie de leurs préoccupations. Ainsi, le gouvernement souhaite montrer l’exemple et demande aux maîtres d’ouvrage de négocier rapidement avec les entreprises du BTP une prise en charge des surcoûts liés à l’arrêt des chantiers et aux mesures sanitaires. Par ailleurs, les entreprises de moins de 50 salariés, qui ont subi des pertes de chiffre d’affaires "importantes", pourront bénéficier de remises de charges jusqu’à 50 % sur leurs échéances des mois de mars à mai. Il est également prévu qu’un milliard d’euros soit ajouté par l’État à la dotation de soutien à l’investissement local destiné aux collectivités et "portant sur la santé et la transition écologique."

Scepticisme

Ces annonces ne convainquent pas : "Hors la prise en compte partielle des seuls surcoûts directs (masques, gel hydroalcoolique, location prolongée des installations de chantier…) pour les seuls marchés d’État (2 % du chiffre d’affaires du bâtiment) et la majoration de la dotation de soutien à l’investissement des collectivités locales, les mesures annoncées s’avèrent de fait générales", déplore la FFB. Celle-ci ajoute que les exonérations de charges resteront limitées puisque les entreprises qui n’ont pas subi de chute d’activité supérieures à 50 % ne sont pas éligibles. Le secteur s’inquiète globalement que le plan de soutien se retrouve décorrélé du plan de relance, qui doit, lui, être présenté à la rentrée. La relance va faire l’objet de concertations avec les partenaires sociaux, les parlementaires et les collectivités territoriales. Bercy précise que le BTP sera bel et bien concerné et participera ainsi à la transition écologique, l’une des pierres angulaires du dispositif.

Olivia Vignaud

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