Bruno Crémel, partner en charge de l'investissement dans made.com, revient sur l'un des plus beaux tours de tables de 2015.

Décideurs. 15 % du fonds Partech growth (post 1er closing) a été investi dans une seule entreprise, made.com ? Peut-on déjà dire que c’est la participation phare de ce dernier véhicule ?

Bruno Crémel. Nous croyons beaucoup en made.com et son équipe de management qui bénéficie d’une longue expérience dans le monde des start-up. Ning Li (CEO), Philippe Chainieux (directeur général), Brent Hoberman (Chairman du board) et Marc Simoncini (business angel) constituent une dream team dont rêverait beaucoup d’entreprises. Made est déjà une marque forte reconnue dans 5 pays européens et a vocation à devenir le numéro un de cette région, grâce à son modèle innovant et très attractif. Mais, rassurez-vous, nous allons continuer à investir des tickets significatifs dans de nombreuses entreprises à très forte croissance et à l’issue du deuxième closing, le pourcentage représenté par Made dans Partech Growth sera nettement réduit.

 

Décideurs. Les opportunités présentes au sein du marché du meuble vous ont-elles aussi poussé à investir ?

B. C. Le marché du meuble online est effectivement porteur de grands espoirs de croissance : il demeure très fragmenté et le leader, Ikea, n’en possède qu’une petite fraction (entre 8 % et 12 % selon les pays). De plus, c’est une activité pour laquelle la pénétration online est très faible (moins de 9% en zone UK) et les produits sont non directement comparables. Enfin, le modèle intégré de Made qui designe et fait fabriquer ses produits conduit à des marges brutes attractives.

 

Décideurs. Le renouvellement des collections de manière hebdomadaire : un pari risqué et hautement consommateur de ressources lorsqu’une entreprise grandit ?

B. C. L’introduction de nouvelles collections chaque semaine fait partie intégrante de la proposition de valeur de Made. L’organisation de l’entreprise lui permet de gérer cela dans des conditions optimales : elle travaille avec une communauté d’une cinquantaine de designers indépendants, non internalisés, et animés par une petite équipe interne. L’une des forces de made.com réside justement dans cette capacité à capter l’innovation et à la gérer dans les meilleures conditions économiques possibles.

 

Décideurs. Pour en revenir au management, s’il est exceptionnel, n’est-il pas trop jeune pour faire face aux défis qui attendent une entreprise à la croissance exponentielle ?

B. C. Ning Li a réussi à composer une équipe d’horizon et de « séniorité » divers extrêmement soudée. Après ce dernier tour de table, Suzanne Given rejoint la société en tant qu’administratrice indépendante. C’est une chance pour made.com puisqu’elle bénéficie d’expériences exécutives chez John Lewis et Superdry. Philippe Chainieux, lui, a été CEO de Meetic et a des compétences éprouvées en matière de management opérationnel et d’optimisation des investissements marketing. Les autres postes de direction, ont souvent des profils très expérimentés.  

 

Décideurs. Que va finalement devenir made.com après ce dernier tour de table et le soutien apporté par ses investisseurs ? Quelle est sa feuille de route ?

B. C. Aujourd’hui, made.com est présent en UK où elle réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires (60 M€ en 2014). L’entreprise est aussi implantée en France, en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne depuis quelques semaines. Le gros enjeu est celui de bâtir une affaire qui soit leader sur ces principaux marchés européens.

 

FS (Firmin Sylla

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