Attentifs à leur croissance et à la stratégie de leur positionnement, les associés d’Archers affichent une certaine sérénité face à la réussite de leur jeune cabinet. Si son succès se perçoit en entrant dans leurs nouveaux locaux, c’est surtout dans le bilan de leur action qu’il se vérifie.

La prudence a longtemps été de mise chez Archers, cabinet d’avocats indépendant, dont le nom d’origine, Godet Gaillard Solle Maraux & Associés, a laissé place à sa nouvelle dénomination fin 2014. Si la structure a su imposer son positionnement dès les premières années, le déménagement dans un bâtiment «discret depuis la rue, mais prestigieux de l’intérieur », commente fièrement Jean-Maurice Gaillard, participe de son institutionnalisation. Un immeuble entièrement dédié à l’équipe d’une quarantaine de professionnels dans lequel Archers s’est installé à la fin de l’année dernière, quittant ainsi les deux étages standardisés de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. «Nous en avons profité pour repenser notre organisation interne, par exemple en rapprochant le groupe de stagiaires des assistantes, raconte d’emblée l’avocat, intarissable sur les personnes qui l’entourent. Cela semble accessoire, mais en réalité c’est un très bon moyen d’impliquer les fonctions support dans la formation des plus jeunes tout en positionnant ces derniers au cœur du quotidien du cabinet.» Un détail pour certains mais qui ne manque pas de refléter le haut niveau de réflexion mené par les associés pour assurer la cohésion du groupe et le bien-être de chacun. Une initiative parmi d’autres…

« Quelques associés globe-trotters »

L’équipe a choisi la rue Dumont-d’Urville, comme un clin d’œil à sa stratégie d’entreprise. L’officier de marine, capitaine de L’Astrolabe, est célèbre pour avoir parcouru le monde et exploré l’Océanie, jusqu’à cartographier la Nouvelle-Zélande… la nouvelle destination choisie par Jean-Maurice Gaillard pour s’y implanter. L’avocat affirme que ce déménagement – motivé avant tout par des raisons personnelles – n’est qu’anecdotique, les moyens technologiques mis à sa disposition lui permettant d’exercer son métier d’avocat à Paris en habitant à l’autre bout du monde.

Mais si le fait de vivre à Aotearoa semble anodin pour l’associé, cela peut en revanche servir de modèle à tout un groupe. «Nous avons la chance d’avoir quelques associés globe-trotters», explique-t-il, après avoir précisé qu’il évite soigneusement la Corée depuis les menaces militaires de Pyongyang. Ses déplacements en Asie sont tout de même fréquents, notamment entre Singapour et Hongkong. Une zone dans laquelle le cabinet est certes en concurrence avec les plus anciennes maisons françaises, mais dont la plupart sont « amies ». Archers y a sa place. Et pour cela, ses avocats doivent élaborer une stratégie minutieuse de conquête. Cela peut passer par certains dossiers dont les racines remontent aux années 1990 : «Il y a quinze ou vingt ans, ces pays ont connu d’importantes mutations économiques qui ont permis aux plus grandes entreprises locales d’investir en Europe, resitue Jean-Maurice Gaillard. Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec des "cadavres, des participations mortes", c’est-à-dire des investissements, notamment immobiliers, dont les fruits n’ont jamais été récoltés. La nouvelle génération de banquiers entend bien récupérer ses billes.» Une raison parmi tant d’autres qui incite Archers à multiplier les contacts avec des confrères, des institutions ou des entreprises dans la région Asie-Pacifique, quitte à se placer dans une position d’outsider, notamment sur des expertises maîtresses du cabinet : la restructuration de dettes, le droit des nouvelles technologies ou encore le contentieux de l’asset management.

Se positionner par rapport aux effets du Brexit

Cette stratégie d’expansion mondiale s’organise autour de clients majeurs que le cabinet accompagne depuis longtemps : les fonds américains (comme Colony Capital ou Meyer Bergman), les banques (Crédit agricole, Natixis, La Banque postale, etc.) ou les industriels du secteur immobilier. Plus discrètement, le cabinet conseille des groupes familiaux dans la gestion de leur fortune personnelle, des «entrepreneurs-investisseurs», selon l’expression de l’associé Fabrice Maraux.

Dès lors, Archers ne s’interdit rien. Sa stratégie s’étend même jusqu’en Australie : un marché constitué de cabinets aux centaines de lawyers aujourd’hui à sa portée. Viser le continent est même la suite logique du développement d’Archers. Depuis sa création, la part de sa clientèle étrangère est ainsi passée de moins de 7 % à plus de 40 %. Avec une chute de 17 % du dollar australien depuis le début d’année, l’euro devient la devise à laquelle il faut s’adosser. Et dans ce pays «l’argent est au cœur de toute relation humaine», rappelle Jean-Maurice Gaillard, convaincu de l’utilité de proposer un service juridique complet à des hommes et des femmes non seulement dirigeants mais aussi propriétaires de leur entreprise. «Vis-à-vis de l’Europe, les sociétés australiennes attendent, comme beaucoup d’autres, de se positionner par rapport aux effets du Brexit», modère l’associé. Une explication à la phase d’attentisme généralisé dont sort à peine Archers, comme la plupart des entreprises de conseil.

« Au-delà de la bande de copains »

La stratégie reste donc à la fois ambitieuse et prudente. Fondé en 2009 dans un contexte économique difficile, le cabinet est habitué à gérer sa croissance en fonction de paramètres extérieurs. «Le premier semestre 2017 a été une période d’immobilisme, constate Fabrice Maraux posément, faisant référence à la période électorale en France. Notre stratégie menée depuis 2015 et consistant à faire grossir le partnership pour mutualiser et mieux distribuer les risques est gagnante.» En d’autres termes, «au-delà de la seule bande de copains fondateurs», l’intégration d’associés externes demeure une condition sine qua non du développement du cabinet. Raison pour laquelle l’équipe a accueilli Antony Martinez, spécialiste du contentieux en général, et du restructuring en particulier, et Paul-Henri de Cabissole, un avocat que l’équipe connaît bien. Ce renforcement du pôle immobilier a été suivi début 2017 par celui du département corporate/M&A notamment avec la cooptation d’Audrey Wendling.

Même prudents, les avocats confient que l’avenir s’annonce sous les meilleurs auspices, grâce à la multiplication des dossiers M&A notamment. Motif : un contexte financier et fiscal plus dégagé et le redéploiement des projets d’investissement des secteurs industriels tels que la défense ou le génie civil. Comme si 2017 marquait un nouveau départ après de long mois d’immobilisme, offrant à Archers de nouvelles opportunités de conquête.

Pascale D'Amore

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