En sortant de HEC, Antoine Amiel crée Learn Assembly avec pour objectif de démocratiser la culture digitale et l’innovation managériale. Pour accompagner les DRH dans cette transformation, son conseil est clair : « Avant de vous concentrer sur les outils, intégrez le numérique dans votre GPEC. »

Décideurs. Créer une entreprise dans le digital learning, c’était une vocation ?

Antoine Amiel. J’ai un profil littéraire. Déjà pendant mes études de philosophie, j’étais intéressé par la transmission des connaissances mais ne sachant pas réellement quoi faire, j’ai étudié à HEC. Lors d’un stage chez Jaina Capital, j’ai compris qu’en devenant entrepreneur, je serai libre de construire mon propre univers de travail. J’avais conscience que le numérique cassait les barrières à l’entrée mais je ne connaissais pas bien les modèles économiques du Web. Alors j’ai commencé par créer l’université que j’aurais aimé avoir, une université peer to peer où des experts issus de l’entreprise viennent transmettre leurs connaissances sur la transformation digitale. Aujourd’hui l’activité a évolué. Notre mission globale est de libérer la capacité d’agir offerte par cette transition pour les individus et les organisations. Nous aidons les entreprises à se saisir des opportunités du numérique pour aller au-delà de l’intégration d’une suite d’outils et faire basculer leur organisation. L’autre enjeu est citoyen, le digital change le socle de connaissances attendu pour tous les métiers. Il est indispensable aujourd’hui de savoir trouver un emploi sur LinkedIn, de s’informer sur Twitter. Si ces bases sont maîtrisées, le numérique contribue à réduire la fracture sociale.

 

« Le numérique réduit la fracture sociale »

 

Décideurs. Comment accompagnez-vous concrètement les entreprises ?

A. A. Nous construisons des Moocs d’entreprise et du blended learning pour faciliter l’acculturation, la formation et la transformation digitale. Rendre tangible le numérique, le démystifier permet aux salariés de s’en emparer pour prendre du recul sur leurs postures managériales et mieux gérer des situations complexes. Lorsque nous construisons les parcours de formation, nous intégrons toutes les spécificités des entreprises dans nos cas et exercices. Nos Moocs s’appuient sur des interviews de professionnels qui les enrichissent de retours concrets et opérationnels. Nous nous appuyons sur un réseau de Chief Digital Officer et d'entrepreneurs comme Gilles Babinet avec qui nous lançons deux Moocs sur la culture et la transformation digitale. La scénarisation des outils est toujours construite en mixant présentiel et digital. Business case, quizz, vidéo, défis gamifiés… La pédagogie multiple est indispensable. Pour maximiser l’appropriation des outils, nous sensibilisons toutes les parties prenantes à l’importance d’intégrer le digital learning à la politique de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

 

« Internaliser un LMS ne présente aucun intérêt si les managers ne sont pas sensibilisés préalablement à la culture de la formation »

 

Décideurs. Une université d’entreprise peut-elle être le berceau de cette transformation numérique ?

A. A.  À condition qu’elle soit le relais de l’autoformation. Plus on intègre tôt les ressources humaines dans la chaîne de valeur, plus les bonnes compétences seront placées au bon endroit. Avoir un taux d’adoption d’un logiciel de 20 % n’est pas étonnant si personne n’anticipe son déploiement avant de l’acheter. Internaliser un LMS ne présente aucun intérêt si les managers ne sont pas sensibilisés préalablement à la culture de la formation. En désintermédiant, le numérique peut remettre en cause le middle management et leur rôle de contrôle. C’est pourquoi il faut certes les former à la prise en main des outils, à la conduite du changement mais aussi les incentiver afin qu’ils soient les ambassadeurs de la transformation auprès des collaborateurs. Aujourd’hui les corporate universities s’adressent aux top managers, soit 5 % des effectifs d’une entreprise. Les outils digitaux peuvent changer ça.

 

Décideurs. La certification est-elle un enjeu pour votre développement ?  

A. A. La question se pose uniquement sur le marché français. Le terrain de développement du digital learning est nécessairement mondial. En France, le chiffre d’affaires de Learn Assembly en tant qu’organisme de formation représente seulement 15 %. Les évolutions réglementaires sont tellement incompréhensibles que les entreprises qui ont les moyens d’investir dans des programmes digitaux  les lancent, peu importe leur prise en charge par les OPCA. Elles ne peuvent pas perdre de temps. Si j’avais dû attendre d’être certifié RNCP, je n’aurais pas créé ma boîte.

 

« Le fossé entre formation initiale et continue tend à se réduire »

 

Décideurs. Comment voyez-vous la formation en 2020 ?

A. A. Il existe actuellement un fossé entre formation initiale et continue qui tend à se réduire. Ce n’est pas un hasard si toutes les universités se lancent dans les programmes à destination des professionnels. La formation tout au long de la vie, impulsée par les pouvoirs publics, accélérera cette tendance. On parle souvent d’ubérisation des marchés. D’ici à 2020, les entreprises auront, je l’espère, pris en main l’ubérisation des métiers !

 

 

Propos recueillis par Alexandra Cauchard 

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