Leader mondial des énergies décarbonées, EDF est présent depuis cinquante ans en Afrique. Valérie Levkov revient sur la stratégie du groupe sur le contient.

DÉCIDEURS. Quelle est l’ambition d’EDF en Afrique ?


Valérie Levkov. EDF a exprimé, dans le cadre de sa stratégie « Cap 2030 », sa volonté de s’installer dans les pays en fort développement où l’énergie est un enjeu majeur. L’Afrique est un continent pour lequel nous avons un intérêt fort et dans lequel nous
souhaitons devenir un acteur important et de long terme.

Nous comptons renforcer nos activités en Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest et Centrale. EDF est par ailleurs historiquement très présent en Afrique du Sud et n’exclut pas d’étendre ses activités dans d’autres pays d’Afrique australe.

Nos équipes travaillent sur plusieurs projets de production d’électricité renouvelable, notamment de construction d’une centrale hydroélectrique au Cameroun et d’une centrale biomasse en Côte d’Ivoire.

Comment relever le défi de l’électrification du continent sans sacrifier cet atout ?

Le développement de solutions énergétiques bas carbone et innovantes, un des trois axes de notre ambition CAP2030, est une réponse parfaitement adaptée à cette préoccupation. Par des réponses diversifiées qui exploitent pleinement les ressources naturelles du continent – l’eau, le vent, le soleil, nous privilégions les solutions les plus efficaces et les moins émissives en CO2.

Pour compléter notre offre en matière d’électrification rurale, nous nous sommes alliés l’an dernier à la société américaine Off Grid Electric pour offrir, dans ces zones, des solutions modernes et accessibles à base d’énergie solaire.

Cela fait près de quinze ans qu’EDF participe à l’électrification des zones rurales mais notre capacité de développement était modérée car reposant sur un mode quasi artisanal.

Aujourd’hui, nous sommes passés à une ère industrielle et ciblons des millions de clients notamment grâce à l’utilisation d’équipements de très basse consommation, l’amélioration des cycles de vie des batteries et surtout le « mobile money » très utilisé en Afrique.

Comment un géant de l’énergie comme EDF peut-il contribuer au développement du continent ?

EDF souhaite aider le continent à utiliser ses richesses de manière efficace. L’Afrique souffre d’un réel gaspillage énergétique dû à la vétusté des réseaux de distribution et au détournement de l’électricité.

Nous avons récemment ouvert au Maroc une filiale dédiée à l’efficacité énergétique qui va grandement réduire la facture énergétique du pays et améliorer la performance économique de nos partenaires industriels marocains.

Nous avons l’intention d’étendre cette activité aux pays qui ne sont plus en manque d’électricité et qui peuvent s’intéresser à la surconsommation énergétique, comme l’Afrique du Sud. Il est primordial pour EDF de soutenir ceux qui aident l’économie africaine à se développer.

Aussi, « irriguer » le tissu local, c’est-à-dire travailler avec les acteurs locaux, embaucher et former sur place, fait partie de notre ADN. La quasi-totalité de nos salariés sont originaires de la région et bénéficient de formations.

Dans le cadre du projet de barrage hydroélectrique camerounais, nous comptons intervenir dans les lycées techniques des villes avoisinantes afin de renforcer la formation à des métiers qui nous concernent tels qu’électricien ou électromécanicien, pour pouvoir recruter ces jeunes par la suite.


EDF compte-t-elle s’appuyer sur les initiatives des start-up africaines ?

Tout à fait. Nous travaillons en Afrique avec une pluralité de partenaires locaux : des gouvernements, des grands industriels mais aussi des PME.

Aujourd’hui, nous souhaitons très clairement accompagner l’innovation africaine, comme nous l’avons fait en Europe à travers l’initiative EDF Pulse. EDF a d’ailleurs été partenaire du sommet de l’innovation numérique et technologique africaine Africa For Tech en 2016.

L’énergie atomique fait-elle partie des stratégies de développement d’EDF en Afrique ?

Oui. C’est pourquoi nous sommes prêts à répondre à l’appel d’offres de l’Afrique du Sud pour son programme nucléaire.

Au Maroc, nous travaillons avec l’ONEE* dans le cadre d’un partenariat global comprenant un tel volet. EDF est un opérateur nucléaire très attentif à la capacité réelle d’un pays à lancer un programme de ce type.

Il doit, en amont, mettre en place un cadre régulatoire, de sûreté et de compétences et ceci prend du temps.

À ce titre, nous travaillons avec l’AIEA afin d’aider les États, notamment africains, à mettre en place le cadre d’accueil nécessaire à l’exploitation de l’atome.

 

Lynda EL MEZOUED

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